lundi 2 juillet 2012

Edito

Non, non, non, nous ne sommes absolument pas en retard. Ou si peu. Si vous trouvez des traces de café et de transpiration sur cette page, ne vous inquiétez pas, ça fait partie du design. Il se trouve, chers lecteurs, que pour ce numéro, nous n’avons rien fait comme d’habitude. Ce n’est pas un hors-série, je dirais plutôt un… hors-norme.

Pour commencer, je vous ai concocté une de ces Plumes et Astuces, vous pouvez préparer l’aspirine. Je me suis embarquée dans une réflexion philosophico-métaphysique sur l’écriture, je me demande encore où je suis allée pêcher tout ça.

Une fois que vous serez bien imprégnés de mes beaux discours, Honey va complètement casser mes effets. Je vous mets au défi de la lire de bout en bout sans vous tordre de rire. N’y vois rien de vexant, Pot de miel suprême, mais là, tu as vraiment fait fort.

Notre dragon y a aussi mis du sien avec sa sélection de concours. Parmi les prix à gagner… du vin, ni plus ni moins. Avis aux gourmets et aux p’tite voix !

Malheureusement pour nous, nos deux intervieweuses font leur sortie de scène aujourd’hui. Mais alors, elles quittent le journal en beauté ! De toutes les plumes argentées, SecretSpleen nous a dégoté l’Imagineur le plus cachotier et le plus énigmatique. Quant à La ptite Clo, elle a volé vraiment très haut et vraiment très loin pour vous trouver un témoignage de premier choix : celui d’un rêve devenu réalité.

Hélas, pas de Chroniques du Chaton Garou pour cette fois ! Ne saurons-nous donc jamais si, oui ou non, Flammy est parvenue à dominanater le monde et renverser le Dictateur H ? Ah, attendez… on m’annonce que les Chroniques paraîtront malgré tout. Un ultime retournement de situation ?

Enfin, nous ne pouvions décemment pas faire l’impasse sur l’IRL. Pour les plumes qui ont vécu sur une autre planète ou pour celles qui viennent de débarquer sur la nôtre, je rappelle qu’un grand rassemblement s’est tenu chez Vefree ce mois de mai. Dix-sept plumes argentées réunies en un même lieu, du jamais vu. Pour la circonstance, Saïph et moi, nous avons décidé d’en narrer les grandes lignes dans notre petit PAen.

Un hors-norme, comme je vous disais. Toute l’équipe des plumes-porters vous souhaite une savoureuse lecture !


Cristal, rédactrice en chef

Plumes et Astuces

L’enfant, l’adolescent et l’adulte qui sont en vous



Ou comment puiser dans l’ensemble de notre vécu tout le matériau de l’écriture. Je m’interroge souvent sur la façon d’être « complète », d’offrir une histoire au contenu-miroir, une réflexion qui renvoie le lecteur à ce qu’il y a de plus essentiel en lui, d’entrer en résonnance avec à la fois le corps, le cœur et la tête. J’ai alors pensé à trois étapes symboliques de la vie : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte.

Les sensations pures de l’enfance

Je ne sais pas pour vous mais moi, quand j’étais gosse, je ne me projetais ni dans le passé, ni dans l’avenir. Je vivais intensément le moment présent. Pas de timing, pas de projets, non, juste le soleil sur la peau, l’odeur du sable, le goût du Nutella, l’excitation du jeu.

Je pense que retrouver cet état d’âme, ne serait-ce que de façon éphémère, est important. Une acuité des sens où le mental n’a pas son mot à dire. Une strate de l’existence où tout prend un relief nouveau, chaque son, chaque couleur, chaque parfum. Ce peut être chez soi, dans le confort de la maison, tout en savourant un air de musique. Ce peut être au cours d’une promenade dans la nature. Ce peut être aussi, soyons fous, en faisant de l’exercice : respirer, bouger, suer, vivre à fond dans son corps. Ça peut se produire à n’importe quel moment agréable, festif, convivial, lumineux. Ne pas se soucier de la montre, juste vivre l’instant présent en portant un regard attentif, intense sur tout ce qui nous entoure.

En se rendant réceptif à ce monde de sensations pures, un auteur peut donner à ses histoires une atmosphère plus étoffée, plus juste, plus tactile, plus colorée. Il donnera du corps au récit.

Ce serait aussi une façon de "capturer" ces petites étincelles du présent, se les réapproprier, les figer dans l’écriture. Alors, oui, certes, je sais bien comment le processus fonctionne. Sur le coup, on aura beau essayer de trouver le ton juste, de se rapprocher de cet état de « grâce », de traduire en mots ces petits fragments d’éternité, on ne ressentira qu’une grande frustration : on aura l’impression d’avoir pâli la réalité, de l’avoir amoindrie, mutilée, appauvrie.

Mais plus tard, lorsque vous vous serez suffisamment détaché du texte pour l’oublier un peu, lorsque vous le relirez avec un regard neuf, alors seulement, ça vous claquera au visage. Vous verrez au-delà des mots, au-delà de la page en noir et blanc, au-delà de cet espace en deux dimensions, tout ce que le texte évoquait réellement pour vous au moment où vous l’écriviez. Chaque verbe, chaque adjectif agira comme un support à votre imagination, comme des stimuli qui vous feront revivre toutes les sensations cachées derrière le texte.

L’éveil sentimental de l’adolescence

Les émotions fortes de l’enfance, la joie, la tristesse, la peur, font place au royaume des sentiments avec l’adolescence. Tout devient plus compliqué, plus douloureux. Les premiers émois de l’amour, la quête absolue de l’amitié, la mélancolie et le mal-être. Le frottement avec le monde nous met à fleur de peau, les livres nous bouleversent, le regard des autres nous obsède.

Cette extrême sensibilité, si elle possède un double-tranchant, gagne à être préservée, entretenue, ravivée à travers l’acte d’écriture. Une histoire dépourvue de sentiments serait tellement glacée ! Ce qui fait qu’on s’attache tellement aux personnages, qu’on s’identifie à eux, qu’on les aime ou qu’on les déteste, c’est à travers cette charge d’émotions que ça se joue. Les sentiments qu’ils éprouvent et qu’ils nous inspirent, les relations qui se tissent entre eux.

Le ressenti des personnages, et tout particulièrement du narrateur, doit faire l’objet d’une attention particulière.

Pour cela, chers auteurs, il faut tremper sa chemise. Nous devons faire remonter à la surface nos sentiments à nous, car on ne parle bien que de ce qu’on connaît. Si votre personnage aime, vous devez aimer avec lui. S’il souffre, vous devez souffrir avec lui. Il ne faut pas avoir peur non plus de donner un coup de tisonnier dans les cendres et de réveiller en soi les sentiments les moins nobles, les moins avouables : la jalousie, la rancœur, l’orgueil, les lâchetés…

Encore une fois, écrire implique d’être plus observateur, plus attentif, plus honnête que jamais. Ici, il ne s’agit pas de tendre à fusionner avec le « dehors », à s’effacer et à se taire pour écouter le monde, mais au contraire à regarder en face notre réalité intérieure, le tissu de notre subjectivité, notre ressenti personnel. Car à travers le langage de l’écriture, on peut dresser des passerelles entre notre subjectivité et celle de nos lecteurs : partager ce que nous avons de plus intime, se mettre à nu, être d’une sincérité absolue pour les toucher, les émouvoir, leur parler de cœur à cœur.

Les réflexions philosophiques de l’âge adulte

Ce que j’entends par là, c’est la « teneur intellectuelle » d’une histoire, le travail de réflexion vers lequel elle mène à travers les ressorts de l’intrigue et les personnages. Que votre roman soit fantastique ou non n’est pas tellement important : les genres de l’imaginaire peuvent aussi, via les symboles, conduire à réfléchir sur soi, sur les autres et sur le monde.

L’aventure pour l’aventure, le sentimentalisme pour le sentimentalisme, c’est se priver d’une dimension importante. Je pense que nous avons tous un message à transmettre. Je ne parle pas de faire de vos histoires des fables à morale, hein, mais de les articuler autour de thèmes fondateurs.

Quelques exemples ? La quête de Soi. Chaque personnage a une quête intérieure, incarne une certaine conception de la vie, tend vers un idéal ou un désir (qui peut être inconscient ou destructeur). Cela demande d’effectuer un portrait psychologique poussé de vos personnages, d’être capable de vous fondre dans la peau de chacun et de cerner leurs motivations profondes. Cela vous amènera à vous interroger sur vos propres valeurs, mais aussi à vous mettre à la place des autres : les écouter, chercher à les comprendre, essayer d’appréhender leur monde intérieur.

Il y a aussi, comme thèmes possibles, l’amour et la haine, l’amitié et la jalousie, la famille et la société, bref, tout ce qui compose notre rapport aux autres. Et là encore, il s’agit de le faire le plus authentiquement possible, en évitant de verser dans les relations idéalisées. Vos personnages peuvent se frictionner entre eux, se blesser, se réconcilier, se méprendre, s’expliquer, se passer à côté, se retrouver, exactement comme dans la vie.

Notre écriture doit interpeler, faire écho chez le lecteur, lui offrir une matière réfléchissante pour qu’il porte un regard nouveau sur lui, sur sa réalité. Vous avez le pouvoir, vous, auteurs, d’attiser en lui ce qu’il porte de meilleur, lui inspirer l’envie d’aimer sa réalité, quelle qu’elle soit, et de prendre la vie à bras le corps. Vous pouvez le pousser à prendre du recul sur son train-train quotidien et s’interroger sur ce qui est réellement important.

C’est valable pour vous aussi, chers auteurs. Écrire peut vous donner envie de vivre et vivre peut vous donner envie d’écrire, comme un sablier sans cesse retourné !


Cristal

Il était une fois...

Des histoires, il y en a pour tous les goûts et pour tous les sujets. Des histoires de vilains, des histoires de monstres et même des histoires de… caca. Eh bien oui, vous avez bien lu. Je vous parlerai aujourd’hui de merde. Donc, si quelqu’un se préparait à déguster une bonne baguette jambon-beurre, je décline toute responsabilité.

Mais qui voudrait bien lire des histoires de crottes, me direz-vous ? Bonne question. À ceci, je répondrai qu’à chaque passage obligé, on y retrouve une histoire dédiée. On a des histoires sur la mort, sur l’adoption, sur la sexualité et même sur les crottes de nez. Parce que le monde de l’enfance n’est pas seulement peuplé de fées et de dragons. Une situation des plus banale peut être une excellente source de curiosité. Et c’est ainsi qu’on retrouve une belle brochette de livres assez crados dans les rayons de nos libraires.

Je vous rassure tout de suite, je ne parle pas d’albums faisant l’apologie du caca. Pas tant que ça, non plus. En fait, on y parle surtout de processus digestif, du pourquoi on doit aller à la toilette et minou aussi, par la même occasion. Car non, les enfants ne naissent d’office pas avec ce savoir mystérieux. Il y aussi des livres visant à dédramatiser cet évènement. Car le pot peut-être un passage ardu chez certains marmousets.

Bref, vous l’aurez compris, il y en a pour tous les goûts et ce qui se passe aux toilettes est loin d’être aussi insignifiant qu’on le croit. Donc, en terminant, je vous laisse sur quelques lectures fort intéressantes qui, si elles ne vous sont pas utiles, auront au moins l’heur de vous faire sourire. Sur ce, je vous souhaite un bel été…

Le Grand Voyage de Monsieur Caca

Manger une pomme ! Rien de plus simple ! On croque, ça craque, on avale, et voilà ! Mais après, qu’arrive-t-il ?

C’est le début d’une longue histoire, celle du grand voyage de Monsieur Caca. Voyage un peu compliqué, fait de nombreuses rencontres, qui finit généralement bien !




Qu'y a-t-il dans ta couche ?

Bébé souris est terriblement curieuse. Elle veut toujours tout savoir, même ce qu'il y a dans la couche de ses amis ! mais toi, bébé souris, où as-tu fait ta crotte ? un livre plein d'humour pour apprendre la propreté.




Tous les cacas

On ne savait pas qu'il y avait autant de cacas différents! Un livre très instructif dans ce domaine !

 


Honey

A vos claviers

L’été, enfin ! Que vous soyez en vacances ou coincé au boulot, voilà l’époque idéale pour laisser son esprit vagabonder… et pourquoi pas la plume à la main ?
Les villes se réveillent ; prêtez l’oreille près de chez vous, qui sait, il y a peut-être un concours de nouvelles qui s’organise ! Et jetez donc un œil sur cette offre croustillante d’Univers Poche. Miam miam !

[Concours] Apocalypse
Lien : http://www.welovewords.com/contests/apocalypse
Organisateurs : L’éditeur Univers Poche et le site WeLoveWords.
Thème : Les derniers jours avant la fin du monde (voir la description complète sur le site ci-dessus).
Longueur : 3 épisodes de 10 000 signes chacun.
Modalités de soumission : Inscription et envoi sur le site WeLoveWords.com.
Date maximum de soumission : 14 août 2012.
Bénéfice : Un contrat d’édition chez Univers Poche (voir le règlement du concours pour les montants des droits d’auteur) et une avance de 1500€ sur les droits.

[Concours] Ville d'Anzin-Saint-Aubin
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/anzinsaintaubin2012.htm
Organisateur : La ville d'Anzin-Saint-Aubin (Pas-de-Calais).
Genre littéraire : Tous.
Thème : La nouvelle doit s’inspirer d’une photo disponible à l’adresse ci-dessus.
Longueur : Pour la catégorie « Générale », maximum 6 000 signes ; pour la catégorie « Jeunes » (moins de 16 ans), maximum 3 000 signes.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par email.
Date maximum de soumission : 15 août 2012.
Bénéfices :
- Catégorie « Générale » : 1er Prix de 150€, 2ème Prix de 90€, 3ème Prix de 60€ ;
- Catégorie « Jeunes » : 1er Prix de 60€, 2ème Prix de 30€, 3ème Prix de 15€.
Les textes primés seront diffusés sur le site de la ville et une sélection de nouvelles pourra éventuellement être publiée sous forme de recueil.

[Concours] Ville de Tavel
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/villedetavel2012.htm
Organisateurs : La ville de Tavel (Gard) et la Bibliothèque municipale les Jardins d’Epicure.
Genre littéraire : Pièce de théâtre (1 scène).
Thème : « Dialogue au musée ».
Longueur : Maximum 4 pages (taille de police 12).
Modalités de soumission : Frais de participation de 10€ payables par chèque. Envoi par courrier en 3 exemplaires, plus envoi d’une version par email si possible.
Date maximum de soumission : 20 août 2012.
Bénéfices :
- 1er Prix : 200€ et 12 bouteilles de vin de Tavel ;
- 2ème Prix : 100€ et 12 bouteilles de vin de Tavel ;
- 3ème Prix : 50€ et 12 bouteilles de vin de Tavel.
Les textes lauréats feront l’objet d’une publication et, à l’occasion de la remise des prix, ils seront mis en espace par des comédiens professionnels ou amateurs.

[Concours] Riantec
Lien : http://www.bonnesnouvelles.net/riantec2012.htm
Organisateur : La ville de Riantec (Morbihan).
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Le rêve ».
Longueur : Maximum 10 pages.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par courrier en 5 exemplaires.
Date maximum de soumission : 10 septembre 2012.
Bénéfices :
- « Prix de la nouvelle de Riantec » : 300€.
- « Prix d’encouragement » : 150€.

[Remarque] L’appel à textes « Différences » de Griffe d’Encre que je mentionnais au dernier numéro a été prolongé d’un mois. Vous avez encore jusqu’au 31 juillet pour leur envoyer vos textes ! (Merci à Carmae pour l’info.)
Lien : http://griffedencre.fr/spip.php?article713


Dragonwing

Les grands reportages - IRL PAenne

Saïph

17 Mai, midi
La valise est prête et le book dessin est bouclé. Il ne reste que moi qui surveille ma montre et mon appareil photo qui trépigne d'impatience. Dans ma tête, plusieurs mots dansent en une grande farandole. Dragonwing, Cristal, Sophinette, Train, Vefree, IRL. Cette liste est la formule magique de mon rêve plumesque. De plus, en grande privilégiée géographique, j'ai déjà vu la cabane bédouine qui nous attend au grenier, senti la métamorphose de la maison sous l'attention soignée de sa maitresse, le feu de joie immolant le bois usé. Les plumes sont attendues de pied ferme chez Vefree.

Enfin, l'horloge indique l'heure du départ. Un bisou aux chats et me voila dans la rue toute dorée de soleil. Nez au vent, l'esprit se remémore les photos du trombinoscope. Car dans ces falbalas du bonheur, il y a une tache d'appréhension. Vais-je retrouver les plumes à la gare ? Un regard à ma valise flashi, je soupèse la Passe-Miroir dans mon sac et la tache disparaît. En avant camarade !

17 Mai, 13h30
Un flot s'écoule sur les escaliers du quai K flambant neuf. Au travers, je cherche une jeune femme en jean, avec un blouson en cuir et deux ailes de dragon invisible pour le commun des voyageurs. Mais j'aurais dû me douter que notre majestueux dragon attendrait que la piétaille soit passée pour apparaître à son tour. Pour moi, l'excitation est à son comble au point d'en perdre la parole. Faut dire qu'un dragon, ça impose.



17 Mai, 14h30
"Le train en provenance de Bruxelles Midi est annoncé voie K."
Cinq minutes plus tard, la prédiction de Simone se voyait vérifiée. Avec un sac comme un tambour major et un air rieur, Cristal se détache de la foule. Juste à côté, les yeux pétillants, Sophinette. J'ai rempli ma mission, j'ai retrouvé tout le monde. Ces retrouvailles semblaient IrRéeLles. Quatre plumes d'argent dans la gare Part Dieu. Ce qui m'a amusée, c'est de voir que malgré nos apparences très diverses, nous avions toutes un point commun. La création dans le sang. C'est cette ressemblance qui a animé tout notre trajet de Lyon jusqu'à Roanne et tissé des liens que la toile nous aurait enviés.

17 Mai, 15h45
Le train prend un dernier virage, freine puis s'immobilise en gare de Roanne. Nous y voilà. Vef’ doit nous attendre sur le parking de la gare avec d'autres plumes. Nos bagages débordant de nourriture se font remarquer dans le passage souterrain, mais malgré la protestation des muscles contraints, un autre visage empreint de créativité (et de riz) attire nos regard. C'est Shaoran ! Mais l'aura semble plus grande, y aurait-il d'autres plumes ? Oui ! Nascana et Amélio sont là. Nous voilà sept. Moussaillons, le capitaine nous attend sur le pont à bord de sa voiture couleur anis.

Cristal

17 Mai, 16h00
On quitte la ville et le paysage se fait collines, bleu ciel, vert feuille. Sur la banquette arrière de la voiture, j’ai un sourire béat. Pas de silences gênés, pas de flottements, je me sens au milieu d’une famille. Dans le rétroviseur, j’intercepte le regard pétillant de Vefree. Elle est douce et paisible comme une maman de conte de fées. Pourtant, P’tite Voix est bien là, qui jaillit parfois de sa bouche quand elle s’exclame. Saïph rayonne d’énergie et de bonne humeur : en digne scientifique, elle parle botanique pendant le trajet ! Derrière notre voiture, Shaoran et son petit équipage nous suivent à la trace.



Je me remémore les recommandations dont Cher Et Tendre m’a assaillie avant que je parte : ne rien casser, passer un bon moment, lui téléphoner quand j’arrive, prendre des photos de jeunes plumes sous la douche. CET, quoi.

17 Mai, 16h40
La Halte du Pèlerin apparaît enfin ! On remonte la route, on décharge et j’entends des voix qui nous appellent. SecretSpleen ! Carmae ! Keina ! Isy ! Ils sont là, assis dans l’herbe devant la superbe maison de Vefree, à profiter du soleil. Ni une, ni deux, je pique un sprint. J’ai une démarche de pingouin pressé, et pour cause : je suis encombrée de sacs. Attendre d’avoir rangé les affaires avant de faire les papouilles ? Et puis quoi encore !

Nous nous installons tous sur la pelouse. À peine j’ai posé mon fessier sur un coussin que Saïph me fourre un livre entre les mains. La Passe-Miroir. C’est la première dédicace d’une longue série ; suivront, au fil du séjour, Vefree, Keina, SecretSpleen, Shaoran, Flammy, Elka, Neila ! J’ai honte de ma calligraphie d’ado mal grandie. Je rouspète pour la forme ; en fait, je suis hyper intimidée. Je crois que j’y ai pris goût.


17 Mai, heure oubliée
Tour du propriétaire. Les parquets chantent sous nos pieds. Le séjour est délicieusement désuet et accueillant. La petite cuisine déborde de bonnes choses. Le dortoir semble sorti tout droit des Mille et Une Nuits. Et cette odeur ! Une odeur de bois, de pierre, de campagne dont mon sac de couchage est encore imprégné aujourd’hui… Il y a aussi une vieille grange hantée, des vaches qui nous regardent de travers depuis les champs voisins et des chevaux obèses dont j’ai compris après coup qu’il s’agissait de juments enceintes.



Parenthèse de Saïph

Au retour de notre excursion champêtre, tous s'attèlent à la préparation du repas sous le regard attentif de la maîtresse de maison. D'un côté on équeute le persil, la coriandre et la menthe, d'un autre on prépare le boulgour ; sous le préau, le charbon devient flamme, la table se débarrasse et ce ballet s'enchaine au rythme des rires et des allusions envers nos écrits.



Reprise de Cristal

Très juste, Saïph, rendons hommage aux bons plats ! Arrive l’heure du dîner, puis du dodo. Shaoran qui rampe, se déhanche, se tortille pour entrer dans un sac de couchage, ça vaut le détour !

18 Mai, 8h00
C’est officiel : je ronfle. CET me l’avait dit, mais j’ai toujours pris ça pour de l’humour mal placé. Toutes mes excuses à Shaoran, ma voisine de dortoir-camping. C’est à moitié en pyjama que commencent les échanges de potins. On s’échange nos cahiers de notes, nous scribouillages, nos dessins et parfois, de façon un peu accidentelle, nos spoilers. Le livre ma-gni-fique des Pérégrinations d’une Cuisinière de Vefree, le plan top-secret du nouveau roman de Dragonwing, le trailer inédit d’ALE de Sophinette, les extra-terrestres de Saïph, les architectures génialissimes de Shao, les femmes en belles robes de Keina, et j’en oublie.



C’est juste magique. Plume d’Argent qui devient real life à 100%.

18 Mai, 12h00
À table ! Il pleuvote, mais rien n’arrête SecretSpleen et Carmae qui préparent le barbecue derrière un tour d’écharpe. Toutes les plumes sont mises à contribution pour préparer le repas. Partout des bonnes odeurs, partout des sourires. Beul jaillit derrière la fenêtre alors que nous entamons les desserts. La famille de plumes est presqu’au complet !

18 Mai, 15h00
Vefree organise un Bûcher Collectif, un vrai de vrai, tout en bois et en flammes. Chacun y est allé de sa petite liste de rouspétances et hop, à l’autodafé ! Perso, j’ai cramé mes cours de PHP.



18 Mai, 19h20
On les a entendues avant de les voir : Hadana, Neila, Elka et Flammy poussent de grands cris depuis leur voiture en nous apercevant. Elles auront erré des longues heures sur les routes avant de trouver le bon chemin.




On s’embrasse, on rit, on se bouscule, on s’installe autour du feu, on boit et arrive l’heure de la grande photo, celle qui immortalisera le plus grand rassemblement de plumes argentées. Cette photo, rien que de la revoir aujourd’hui, ça me fiche le sourire et le bourdon à la fois.

Évidemment, une IRL de plumes argentées ne peut pas faire l’impasse sur une partie de LG ! S’entretuer autour d’un bon feu, en mâchant de marshmallows brûlants, c’est un avant-goût du paradis. Carmae est un maître du jeu dans l’âme, il nous plonge immédiatement dans l’ambiance. Keina, Neila et moi serons les loups. Mais bon, je suis une très mauvaise comédienne, je me suis fait cramer en moins de deux (et puis Néné m’a honteusement trahie (et oui, je sais qu’elle n’avait pas le choix, mais flûte quand même (et de toute façon, j’aurai ma revanche un jour (et même que c’était trop bien quand même)))).

Saïph

19 Mai, trop tôt le matin
Un réveil qui sonne avant le coq et des bruits feutrés de couverture. Oh non, c'est déjà l'heure du départ pour Cristal, Sophinette et Flammy ! Tant pis pour Morphée, plusieurs plumes repoussent le sommeil pour embrasser nos consœurs. Mais aussitôt disparues dans l'escalier, le combat s'achève dans les oreillers. Ce n'est qu'une heure plus tard que le soleil me tire des songes. Zigzagant entre les lattes branlantes, je rejoins la salle à manger où se retrouvent les lève-tôt autour d'un petit déjeuner étoffé. Beurre doux, beurre salé, pain, pain de mie, confitures et… des cookies ! Voila ce qui nous a occupés toute la fin de la matinée, un atelier cuisine improvisée.



19 Mai, midi et des poussières
Alors que les cookies refroidissent dans un large saladier, Carmae nous propose un jeu. Nous n'avons qu'à choisir entre réflexion et brutalité. Nous choisissons Banzaï. Les règles sont simples. En se passant une carte, il faut reconstituer une famille et quand l'un des joueurs y parvient enfin, chacun se jette sur un pion. Bien sûr, pour pimenter l'ambiance, il n'y a pas assez de pions pour tous. Un combat endiablé s'ensuit et c'est Elka qui a gagné même si Neila et moi ne lui avons pas facilité la vie.

Malgré ce combat chaotique, il fait beau et, pour la première fois du week-end, nous allons pouvoir manger dehors. Un délicieux rosé au basilic sert d'apéritif et une foule de plats se succèdent avec une certaine gourmandise. Cependant, dans cette atmosphère vacancière et créative, la montre reprend du service puisque Carmae, SecretSpleen et moi-même nous apprêtons à rentrer. La glace nous redonne un peu de courage, mais il est quand même difficile de quitter l'assemblée.

19 Mai, je crois qu'il était 15h, mais dans tous les cas c'était trop tôt

Sur le chemin du retour, le nez collé à la vitre, la miniature citadine reprend de la grandeur et le bruit de la ville étouffe le vent et les insectes. Dans le train, nous devinons les rires et les facéties des plumes restées chez Vef’. Je peux dire qu'une partie de mon esprit y est encore, malgré la cohue de la ville.



Merci à toutes les plumes et un immense merci à Vef’.

Saïph & Cristal

Nos Imagineurs

Pour cette dernière interview, j'ai décidé de vous emmener explorer un jardin d'imagineur très particulier.
Sentez-vous la luxuriante verdure bruire sous vos pas, les fleurs rire sous feuilles derrière notre passage ?
Ici et là, du coin de l'œil, la féérie ambiante questionne mystérieusement. Avons-nous réellement vu la petite fée
aux ailes sanguines plonger dans le ruisseau ? Et ce coquelicot, n'y avait-il pas autre chose à l'intérieur des pétales ?
La terre est-elle vraiment bleue et l'arbre violet ? Que dire du ciel aux multiples soleils, autant de cadrans horaires qui
se complètent et se contredisent. Point d'heure ici, mais des crépuscules rivalisant avec des aurores improbables sous le joug de
muses facétieuses.
Il est temps de s'en remettre à notre Jardinier psychédélique. Car il n'y a bien que Carmae pour se permettre autant de fantaisie
sans que rien ne détonne, mais exubère ces Possibles au-delà des limites de nos propres esprits fertiles.


Au commencement, sont-ce les mots ou les pensées qui ont émergé en premier ?

Qui de la graine ou de la plante émerge la première ? Je ne pense pas qu’il faille penser en ces termes. L’une est l’autre, et inversement. La pensée s’exprime sous forme de mots qui forment la pensée. Du moment qu’on arrose correctement, l’ensemble pousse et prend forme dans le terreau de l’imagination.

Depuis combien de temps écris-tu ?

Ma première histoire a été déterrée il y a quelques temps. D’après les traces de végétation et le goût des strates de terre qui la recouvraient, les experts l’ont datée de mes six ans, soit quand j’ai appris à écrire, je pense.
Après des années d’errance scripturale, passées surtout à faire des textes pour la musique, j’ai eu besoin de me défricher la tête, pour ma propre sauvegarde. J’en suis donc venu à écrire pour un studio de jeu de rôle. C’est vraiment là que ma plume s’est trouvée, et que j’ai pu développer mes capacités d'imagination.
Après avoir fait de la création d’univers pour de la SF très sombre et de la fantasy arabisante très lumineuse, j’ai décidé, encouragé par des auteurs bien plus expérimentés que moi, d’écrire ma propre histoire, de développer mon propre univers. J’ai commencé à cultiver Carmae dans ma tête.

Qui mène la danse de la plume, ton équipe de personnages inventée de toute pièce ou toi ?

C’est un vrai travail d’équipe. Disons que nous sommes comme la plante et la graine : l’une et l’autre vont de paire. Lorsque je prépare un chapitre, les grandes lignes viennent de la terre de mon imagination, et du soleil de l’univers. Comme si elles étaient un mélange de ma propre inspiration et de quelque chose de plus transcendantal, qui me dépasse largement… mais que je contiens en même temps.
Durant l’écriture même, je fais entièrement confiance à ces forces et à mes personnages : ensemble, ils me mènent là où l’histoire doit aller, et tant pis si sur le moment je ne comprends pas ce qu’ils font. Je me fie à eux.

Places-tu des morceaux de toi-même dans tes personnages ou bien ont-ils des personnalités qui leur sont propres ?

Je me reconnais dans certains comportements et caractères. Je m’identifie dans certaines actions, certaines prises de conscience ou réalisations profondes. Mais je ne calque pas consciemment mes personnages sur ma personnalité, ce serait égocentrique et pénible pour tout le monde.
J’en suis très proche, quoi qu’il en soit. Quand mes personnages se dépassent et grandissent, je sens que je le fais aussi, à travers eux. Je souffre quand ils sont en péril, et je saute de joie quand ils triomphent.

Y-a-t-il un texte que tu as écrit dont tu aimerais discuter ici ? Pourquoi ?


Oui, parlons graines d’histoire. J’adorerais m’entretenir de Carmae, mon double roman dont la deuxième partie est en cours de fermentation dans mon alambic imaginaire. Seulement, il n’est pas publié sur Plume d’argent, alors… Peut-être peut-on parler de son style, et de sa poésie qu’on peut retrouver décuplée dans la nouvelle “Voiles” ? J’écris dans différents styles, en fonction de mes besoins. Mes drabbles sont très différents du reste, par exemple. Mon style principal se retrouve aussi dans le texte Élise, coécrit avec toi d’ailleurs…

Parlons d'Élise alors ! Quand je me suis intégrée à ce Cadavre exquis, l'histoire prenait déjà forme. D'où t'est venue l'idée d'un tel univers ?

D’où viennent les idées, je crois que c’est LA question. Dans le cas d’un cadavre exquis, il fallait que j’écrive un premier texte court qui contienne un maximum d’idées à développer par les auteurs suivants. Je me suis mis sur la fréquence du grand jardin cosmique, et la graine est tombée dans ma tête : et si le temps s’incarnait sous forme de rivière, avec des gens dont le métier était de contrôler les mesures du flux, les anomalies, les crues, etc. ? Puis j’y ai ajouté l’étude de la thanatopsychologie, parce qu’une histoire est meilleure quand elle combine plusieurs idées distinctes.

Élise, c'est aussi l'héroïne de cette histoire. Comment as-tu su la rendre si féminine et réaliste ?

J’aime avoir des héroïnes. Elles sont plus sensibles, et permettent un spectre émotionnel plus large. J’ai une part féminine développée et assumée, par ma sensibilité justement. J’ai pu lancer le drame de la vie d’Élise en brisant toutes ses plus grandes convictions en un seul évènement apparemment banal, et je l’ai faite réagir comme je l’aurais fait moi-même je crois. Jouer les petits mecs, les durs, n’a jamais été mon truc : j’assume pleinement mes émotions et mes larmes.

Les êtres qui se battent sur les berges de la Rivière sont intrigants. Avec leurs airs d'anges de la mort, ils sont aussi imprévisibles que mystérieux. Mais que représentent-ils vraiment dans cette histoire ? Quelle est leur signification ?

Alors là, tu me poses une colle. Les anges ont été introduits par un autre auteur, et j’ai trouvé que l’idée manquait un peu d’originalité. Je n’aime pas jouer avec les stéréotypes, surtout dans une histoire sérieuse. Les anges cherchent à contrôler la Rivière du temps, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Dans la suite/réécriture qui aura lieu un jour, je gage que leurs âmes seront faites d’embruns autonomes, qui refusent leur destin : retourner dans la masse anonyme du temps qui passe. De quoi développer en beauté la façon dont les humains agissent ces temps-ci !

Tu parlais d'en faire un roman lorsque tu t'es rendu compte que le Cadavre exquis n'aboutirait pas. Sera-t-il à plusieurs plumes ? Vas-tu conserver tous les passages écrits ?


Je ne sais pas encore ce que j’en ferai. Peut-être une longue nouvelle écrite à trois plumes. Maintenant que le concept a été lancé, le reprendre en roman sentirait le réchauffé. Quand j’utilise une idée dans un but précis, elle a vécu ce qu’elle avait à vivre, point.
Et impossible de garder tout ce qui a été écrit : un cadavre exquis implique toujours des débordements et des incohérences. Élise a du potentiel, mais part en vrille au milieu de l’histoire. On gardera le début, certains évènements et des concepts (comme les confluents), mais pas l’ensemble du récit tel qu’il existe actuellement.

Cette histoire a-t-elle déjà une fin ? Ou sera-t-elle à écrire ?

Ma foi, quand j’ai posé les bases, je savais déjà comment j’aurais terminé le récit s’il m’avait entièrement appartenu. À partir de là, charge à moi d’écrire mon deuxième roman, puis de trouver les bonnes plumes pour reprendre le concept et se mettre d’accord dans les grandes lignes avant de se partager l’écriture, en fonction de points de vue, par exemple, même si d’ici là je trouverai quelque chose de plus original et intéressant à faire. J’estime en temps qu’auteurs qu’on ne doit pas se reposer sur nos acquis, mais toujours explorer de nouveaux horizons !


Ainsi s'achève cette interview. Remercions notre Jardinier d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Quant à moi, il est temps que je vous quitte. J'ai apprécié chaque interview réalisée avec nos Imagineurs et vous remercie d'avoir suivi de bout en bout toutes nos pérégrinations à travers les univers créatifs des auteurs interrogés. Je vous souhaite de continuer à découvrir les nombreuses plumes qui pullulent sur le site de PA, d'écrire des textes fabuleux et de prendre plaisir à créer tout simplement.

Enjoy,

Spilou

Paroles de Pro

Bientôt les vacances. Qui dit vacances, dit bien entendu soleil, plage, bouquinage sous le parasol, puis qui dit vacances, dit aussi rentrée, donc forcément école, mais aussi rentrée littéraire. J’étais très excitée pour ce numéro du PAen. Parce que Paroles de Pros s’accorde aujourd’hui l’INTERVIEW DE L’ANNÉE. C’est une exclusivité, parce qu’il est évident que pas tout le monde n’aura la même chance que vous, lecteurs PAen, de lire une interview qui vous ait dédiés ; et que moi, d’interviewer un auteur 100 % pure race (d’autant plus que cette Pro va certainement rencontrer un grand succès dans les mois prochains, dont c’est un IMMENSE HONNEUR qui nous ait fait, SOYEZ-EN CONSCIENTS SINON JE VOUS TAPE).

Plus qu’une jeune auteure en devenir publiée à la rentrée prochaine, c’est surtout une jeune auteure issue de PA, et oui, vous avez bien entendu, une made in PA dont le succès n’est pas à redouter tant on se souvient comme nous étions scotchés à notre écran quand elle publiait ses chapitres chez nous. La pire des sadiques a bien fait du chemin depuis cette époque…

Aaricia ou Édith Kabuya, appelez-la comme vous voulez, répond ici à sa vraie première interview (je sais que tu as déjà donné des interviews Aari’, mais on s’en fout, officiellement, c’est à nous que tu nous accordes ta toute première !).


Aaricia, tu es la première Plume made in PA à avoir été publiée, et il se trouve en plus que Résurrection (de la série Les Maudits) est ton tout premier roman. Comment le vis-tu ?

Je le vis encore comme si je rêvais et que j’allais bientôt me réveiller. Ça m’arrive parfois de me pincer pour m’assurer que c’est bien réel ! (rires) Je pense que c’est seulement lorsque je tiendrai le livre dans mes mains que je réaliserai que c’est vrai. Pour l’instant, je flotte dans une bulle.

Selon toi, qu'est-ce qui t'a permis d'arriver jusqu'ici ?

Le soutien incroyable que j’ai reçu de mon entourage et l’expérience que j’ai vécue avec PA. Sincèrement, sans l’existence de PA, je ne crois pas que j’aurais mené ce projet à terme.

Est-ce que tu angoisses à l'idée de l'arrivée imminente de la rentrée littéraire, qui amènera avec elle la parution de ton roman ?

Comme je le disais plus tôt, j’ai encore l’impression de rêver, donc je ne m’en fais pas trop pour la rentrée littéraire. Plus les jours avancent, plus j’ai hâte, mais peut-être qu’en août, ce sera différent ! On verra ;P

Peux-tu nous toucher deux mots sur les Éditions de Mortagne, LA maison d'édition qui a COMPRIS que ton manuscrit était EXCEPTIONNEL ?

Les Éditions de Mortagne ont été fondées en 1979, par Max Permingeat, et elles sont maintenant gérées par ses trois filles. De nombreux titres célèbres ont été publiés, tels que la Saga des Chevaliers d’Émeraude (Anne Robillard) ou Filles de Lune (Élisabeth Tremblay). Leurs ouvrages sont variés : guides pratiques, biographies, romans jeunesse et fantastique. Vous pouvez en savoir plus en cliquant ici : www.editionsdemortagne.com


Ma maison est formidable, je n’aurais pas pu tomber mieux. Je travaille avec des femmes qui ADORENT leur travail.

Que s'est-il passé entre l'envoi de ton manuscrit et aujourd'hui ? Comment s'est déroulée ta collaboration avec ton éditeur ?

Ouf ! Ça se résume en un seul mot : CORRECTIONS. Il y a toujours du retravail à effectuer sur un manuscrit : remplir les lacunes, couper les longueurs, détailler certaines scènes, éliminer les contradictions, etc. Je reçois d’abord un rapport de lecture de la « coach » littéraire, ainsi que mon manuscrit annoté. J’ai le choix d’accepter ou refuser ses modifications, mais la coach possède un véritable œil de lynx pour relever les coquilles alors je peux lui faire confiance, tant que ça ne contredit pas le message que je veux transmettre. C’est une expérience qui se déroule dans le respect total, et j’en ai beaucoup appris en tant qu’auteure. J’en ressors bien plus expérimentée et la qualité de mon travail s’est nettement améliorée.


Lorsque les corrections sont terminées et approuvées, il y a une dernière révision linguistique, une mise en page puis hop ! Direction imprimerie.

La plupart d'entre nous ont connu la première version de Résurrection. Quelles sont les modifications que tu as dû apporter à l'histoire ?

Avant de le soumettre aux Éditions de Mortagne, j’avais déjà réduit des scènes et tué un personnage important. Après le travail éditorial, j’ai ENCORE réduit des scènes et complètement éliminé l’existence d’un perso (R.I.P Colin : je te recyclerai un jour). En gros, la structure de l’histoire est demeurée la même, si ce n’est que l’origine de la Malédiction s’est modifiée, Vince ne fume plus, sa relation avec Robin est plus intense et complexe et des petits autres détails comme ça !


Pour avoir une idée de ce que j’ai coupé : mon manuscrit est passé de 473 pages Word à 350…

Pour les Plumes encore jeunes qui n'ont pas eu la chance de découvrir Résurrection (nommée Hantise, à une époque bien heureuse) sur PA à l'époque, pourrais-tu résumer l'histoire (même si on devine qu’il y a une fille qui n’en fait qu’à sa tête et un trop beau gosse dedans, comme dans toutes les histoires) ?

C’est l’histoire de Robin, une jeune fille de seize ans qui est victime d’une mort brutale. Elle est ressuscitée par Vince, le meilleur ami de son frère. En la ramenant à la vie, Vince lui transmet la Malédiction qui pesait sur lui et sur toute sa famille depuis des siècles. La nouvelle existence de Robin est une véritable descente aux enfers alors qu’elle doit gérer les symptômes de la Malédiction ET trouver la personne (ou la chose) qui l’a tuée. Fantômes, monstres, beaux gosses au rendez-vous.

Rassure-moi, tu as bien enlevé le personnage de Zack Brocoli que je déteste tant, hein, hein, HEIN ?!

Malheureusement, j’adore les brocolis. C’est bon pour la santé. 

Quels conseils pourrais-tu donner aux auteurs qui souhaitent tenter leur chance dans l'édition ?

Les quatre indispensables : 1) Lire, lire, lire, lire. 2) Écrire, écrire, écrire. Surtout, écrire ce qu’ON aimerait lire. 3) Discipline, discipline, discipline. Prendre le temps d’écrire chaque jour, même s’il ne s’agit que de cinq minutes ou de deux lignes. 4) AVOIR DU FUN !

Merci beaucoup Aaricia ! Quelques mots pour la fin ?

Prout !



Elle est adorable hein ?

Chères Plumes, déjà victimes d’Aaricia ou pas encore (ça ne saurait tarder, cette fille est trop fatale pour laisser tout en ordre derrière elle), ne loupez en aucun cas la sortie cet automne du premier tome de la série Les Maudits, intitulé Résurrection. Vous ne le regretterez pas !

En toute Pro qu’elle est, je n’ai pas besoin de parler de la maison d’édition qui a bien flairé le talent de la demoiselle, étant donné que cette dernière l’a évoqué toute seule. Je vous encourage donc à visiter le site internet de la maison… Vous y découvrirez les ouvrages qu’elle publie, mais aussi la bibliographie de notre chère Édith (si c’est pas la classe ça !).

C’est sans doute le dernier Paroles de Pros que vous lirez. En tout cas, le dernier écrit de ma main. Cela a été un grand plaisir pour moi de rencontrer et interroger des Pros de tous les horizons rien que pour vous. Cela a été d’autant plus important pour moi de finir avec une interview d’Aaricia, pour vous montrer à quel point la passion de l’écriture, et le talent, deux critères dont regorgent les Plumes de PA, peuvent suffire à vous amener sur la même étoile qu’elle.
Toutes les personnes rencontrées jusqu’ici, auteurs, éditeurs, autres professionnels sont d’accord sur la même chose : c’est possible.

Saint-Exupéry le disait aussi : fais de ta vie un rêve… et d’un rêve, d’une réalité.

La ptite Clo

Les chroniques d'une administratrice


Cher journal,

Je t’ai enfin récupéré. En bien mauvais état et empestant l’urine, mais tu es là, c’est ce qui compte. Mieux encore, le garou n’a pas réussi à forcer ta serrure. Il l’a fait rouiller par ses nombreux pipis, mais heureusement qu’il existe des produits de nettoyage puissants qui t’ont rendu de nouveau opérationnel. Ceci dit, c’est surprenant de constater le nombre de fois qu’un garou peut uriner en un laps de temps restreint…

Tu m’as manquée, tu sais. J’ai tant de choses à te dire. Il faut absolument que je te raconte pourquoi le chaton-garou t’a kidnappé.

Tout a commencé par une querelle de routine. Je l’avais surprise pour la millième fois en train de saccager le sofa avec ses rasoirs. Ce fut la fois de trop. Je lui avais pourtant bien dit que la prochaine fois, ce serait le vétérinaire qui se chargerait de lui ôter ses fichues griffes. Mais fidèle à sa nature rebelle, elle n’a fait qu’à sa tête évoquant son besoin naturel de marquer son territoire. Mes mollets lui appartiennent déjà, ainsi que mon lit, mon siège d’ordinateur, le QG de PA… ce sofa valant une fortune à été la goutte qui à fait déborder le vase.

Le rendez-vous était pris, le vétérinaire était prêt et chaton-garou aussi. J’étais sur le point de la mettre dans sa cage lorsqu’elle t’a brandit de sa fourrure, menaçant de dévoiler mes honteux secrets (selon elle) si je ne la libérait pas immédiatement. Je savais ta serrure bien solide alors je n’ai pas voulu céder au chantage. Je n’avais pas pensé qu’elle tenterait l’ultime outrage, celui de t’uriner dessus. Pauvre chaton-garou. Et pauvre de toi aussi. Elle devait être désespérée. Bref, après un bon sédatif, je l’ai laissée chez le véto et l’opération (certes cruelle, mais nécessaire) devrait être en cours à l’heure qu’il est… Peux-tu m’attendre un instant, le téléphone sonne…

Cher journal,

Le vétérinaire est mort. Le chaton-garou est en cavale et il y a de drôles de sons sous mon lit… On dirait des grognements furieux. Je vais voir ce que c'est...

Honey