lundi 15 avril 2013

Editorial

Le printemps arrive (enfin) et il n'arrive pas seul : voici le dernier numéro de votre journal favori (hein que c'est votre journal favori, hein ?) ! Préparez-vous à y trouver de la Plume d'Argent, encore de la Plume d'Argent et toujours de la Plume d'Argent. Parce que le PAen, mesdames et messieurs les auteurs, c'est aussi vous.

Pour cette formule régionale du 15 avril 2013, vous trouverez au programme :

- Annonce spéciale : où toute l'équipe se joint pour remercier SecretSpleen.
- Plume et astuce : Cristal vous parle de la sacro-sainte réécriture.
- Nos Imagineurs : Slyth a interviewé l'auteure de Derrière les Portes !
- Les perles de PA : parce que Plume d'Argent regorge de vos petites trouvailles.
- Les petites annonces : lisez-les attentivement, ça vous concerne peut-être.
- La galerie des plumes : parce que nos plumes sont aussi des artistes.
- Les nouvelles pérégrinations culinaires : Vefree nous fait voyager à Bali, ça dépayse !

Une version PDF du PAen est téléchargeable ici : 
PAen avril 2013.pdf
Astuce : Faite un peu défiler la page qui s'affiche et cliquez sur

Vous y trouverez des contenus bonus, alors pourquoi vous en priver ? Toute l’équipe vous souhaite une bonne lecture !


Cristal et Saïph, rédactrices en chef

Annonce spéciale


Annonce spéciale

Après plus de trois années de bons et loyaux services, SecretSpleen quitte le journal. Au nom de toutes les plumes-porters et au nom de toutes les modératrices, le PAen tient à la remercier du fond de son cœur d’encre pour tout ce qu’elle a apporté : sa bonne humeur, son volontarisme, ses belles idées, son indéfectible ponctualité (ben oui, ça compte), et surtout cette bienveillance et cette curiosité qui la caractérisent et qui lui ont permis de réaliser de très jolies interviews comme de récolter de très jolies perles.

SecretSpleen, ta contribution au PAen a été et sera toujours la bienvenue, sous une forme ou sous une autre !

Encore merci pour tout,

L’équipe du PAen et l’équipe de PA

Plumes et Astuces


La réécriture  

Vous venez de poser le point final à votre roman, vous dansez, vous mangez, vous buvez… et  vous vous rasseyez aussitôt pour le retravailler ? Quoi ? Vous n’attendez même pas d’avoir fini pour tout reprendre ? Vous avez le virus de la réécriture ! Ça peut être une excellente maladie comme ça peut devenir votre pire cauchemar. Bon, avant toute chose, je vais définir ce que j’entends par « réécriture ». Si vous faites la chasse aux fautes d’orthographe, si vous retouchez quelques phrases, si vous ajoutez un passage çà et là, c’est un simple travail de correction. Par contre, si vous vous lancez dans un remaniement en profondeur de votre manuscrit, autant du point de vue du style que du contenu, c’est bien ce dont il va être question ici.

Attendez le mot de la fin !

C’est le premier conseil que je donne, car c’est celui que je n’ai pas toujours suivi. L’écriture évolue avec les années, les mois même, c’est un fait. Plus vous passez de temps sur un roman, plus le début vous sort par les yeux, car il ne colle plus du tout avec votre style ou avec vos idées. Aussi forte soit la tentation, n’y retouchez pas et allez jusqu’au bout. Votre roman se compose de plusieurs tomes ? Idéalement, patientez jusqu’à la fin de la saga ; sinon, attendez au moins d’avoir terminé un volume. Et d’ici là, consignez dans un fichier à part tout ce que vous aimeriez modifier par la suite : étoffer tel personnage, anticiper tel événement, supprimer telle action, etc.

Pourquoi ? Premièrement, parce que si vous réécrivez au fur et à mesure que vous avancez, vous allez tomber dans une boucle temporelle et que vous n’en verrez jamais le terme. Deuxièmement, vous bénéficierez d’une meilleure vue d’ensemble si vous avez déjà l’histoire entièrement écrite sous les yeux.

Réécrire une intrigue, c’est comme jouer aux dominos

Une fois votre premier jet terminé, ne vous précipitez pas pour réécrire. Je vous conseille de tout relire à tête reposée, avec prise de notes à côté, de façon à dégager la structure actuelle de votre roman. Premier chapitre, présentation des personnages principaux ; deuxième chapitre, événement déclencheur de l’intrigue ; et ainsi de suite. Cette mise à plat est très utile pour voir la répartition des événements dans votre histoire. Vous vous apercevrez peut-être qu’il y a des chapitres où il ne se passe rien d’intéressant et d’autres où il se passe trop de choses à la fois, que vous vous répétez ou que vous avez au contraire la manie des ellipses.

À partir de ce plan détaillé (« hou, le vilain mot », je vous entends d’ici) et à partir de vos notes, vous pouvez mettre en place une nouvelle structure. Considérez chaque chapitre, chaque scène comme un domino : ils doivent tous être à leur place, s’enchaîner à la perfection et au bon rythme. Vous connaissez déjà le cheminement entre l’alpha et l’oméga de votre roman : à vous d’inventer de nouvelles étapes intermédiaires ou de supprimer celles qui ne servent à rien. Maintenant que vous connaissez l’issue de chaque événement, vous pouvez éviter les cheveux sur la soupe : par exemple, si une crise doit éclater (une dispute, une révolution, une guerre), semez des signes avant-coureurs. Oubliez les fioritures et les digressions qui font du remplissage : tous les détails doivent être au service de l’histoire et de l’histoire seulement.

Bref, posez-vous ces questions rituelles : est-ce que tous mes passages font avancer significativement l’intrigue ? est-ce qu’ils me permettent de traiter tel thème, de préparer tel événement, de révéler telle facette de personnage ? est-ce qu’il fait franchir une étape (réelle, symbolique ou les deux à la fois) à mon héros/héroïne/antihéros/antihéroïne ?

Retravailler son style : le mieux peut être l’ennemi du bien

Plus nous écrivons, plus nous prenons de la bouteille, plus notre vocabulaire s’enrichit. La grande tentation, quand on réécrit une histoire, c’est d’en retoucher chaque phrase pour qu’elle soit plus jolie, plus poétique, plus recherchée, plus adjectivée. On en profite pour étoffer toutes les descriptions : ainsi, tel lieu ou tel personnage qu’on présentait en quelques lignes prendra bientôt la place de plusieurs pages !

La question que vous devez avoir à l’esprit est : à quel lectorat est-ce que je destine mon roman ? Vous ne devrez pas du tout travailler votre style de la même façon selon que vous vous adressez à des petits enfants ou à de jeunes adultes, à des adolescents ou à des adolescentes, au grand public ou aux jurés du prix Goncourt. Si vous vous destinez à des lecteurs qui seront rebutés par une avalanche de mots compliqués ou de tournures abstruses, réécrivez en allant dans le sens de la fluidité et de la simplification. Vous pouvez avoir une forte puissance évocatrice avec des termes très simples, une vraie étoffe littéraire en tapant dans un registre familier.

Les mots aussi, finalement, c’est comme les dominos : chacun doit avoir sa place et son utilité, chacun doit bien s’emboîter entre celui qui précède et celui qui suit.

Un background qui porte votre signature

Ce que j’appelle « background », c’est ce qui sert de cadre spatiotemporel à votre intrigue et à vos personnages. Quand on est sur la lancée de l’écriture, on n’a pas toujours la patience d’imaginer des décors ou des situations qui sortent du déjà-lu. Les personnages font toujours les mêmes choses, vont toujours aux mêmes endroits. Il y a d’ailleurs des stéréotypes dans tous les genres littéraires : l’auberge crasseuse de l’Heroic Fantasy, le luxueux manoir du vampire, les rues embrumées du polar, le vaisseau ovoïde de la Science fiction ou le Londres victorien du steampunk. Que celui qui n’a pas cédé à la tentation du prêt-à-écrire jette la première pierre !

La réécriture, c’est le moment où vous pouvez faire marcher les muscles de votre imagination à plein régime. Pourquoi vos personnages devraient-ils forcément être assis au calme quand ils échangent des confidences ? Ils pourraient tout aussi bien faire du patin à roulettes dans un immeuble abandonné ou marcher à l’envers sur un trottoir volant. Pourquoi un enterrement devrait-il se dérouler sous la pluie ? Pourquoi le grand duel final devrait-il se jouer sur les toits ? Pourquoi les trolls ne posséderaient-ils pas une bibliothèque universitaire ? Vous seriez étonné de l’effet produit rien qu’en renouvelant votre décor !

Et voilà, j’en ai fini avec ma Plume et Astuce. Vous faites partie des Réécriveurs Anonymes ? Hadana a ouvert un topic spécialement pour vous sur le forum : si vous voulez partager votre expérience, n’hésitez pas à sortir de l’ombre. On ne vous jugera pas, nous sommes presque tous passés par là !

Cristal

Nos Imagineurs

Salut les Plumes !

Autant vous prévenir tout de suite, cette deuxième interview risque fort d’avoir des allures de coup de cœur.
En effet, je tenais particulièrement à vous présenter une personne sans laquelle je n’aurais peut-être jamais trouvé le chemin de La Plume d’Argent. Je l’ai connue par le biais d’un autre site, sous le pseudo de Kill. Comme bon nombre d’entre vous, je suis littéralement tombée sous le charme de sa grandiose saga, Derrière les Portes. Il n’en fallait pas plus pour que je souhaite en faire mon prochain Imagineur.
   
Merci d’accueillir Neila !
 


1. Attaquons directement : as-tu toujours ressenti l’envie d’écrire ?

Que nenni. Très franchement, si j'embarquais dans une DeLorean et que je remontais huit ou neuf ans en arrière pour dire à mon jeune moi que plus tard, j'écrirais et j'adorerais ça, je crois que je me rirais au nez. Écrire, j'en voyais pas l'intérêt et j'en ressentais aucune envie. Mais je crois que c'était surtout parce que je n'aimais pas beaucoup lire à l'époque. Je me suis mise assez tardivement à la lecture "libre" : avant ça, pour moi, lire était synonyme d'ennui et de contraintes. A douze-treize ans, c'est difficile d'apprécier Zola ou Maupassant...
Mais je me suis mise petit à petit à la lecture, avec des bouquins comme Harry Potter ou le Livre des Étoiles, et j'ai compris que lire n'était pas si mal que ça. Je ne saurais pas trop dire à partir de quand l'envie d'écrire a réellement germé. Je pense que ça a été progressif. Tout ce que je lisais ou regardais venait gonfler mon imagination et en voyant certaines personnes de mon entourage écrire, j'ai fini par réaliser que l'idée n'était pas si grotesque. Qu'après tout, pourquoi pas moi ? Finalement il aura suffi de quelques encouragements et d'un regard pour me convaincre.

2. As-tu eu une (ou plusieurs) autre expérience de publication en dehors de Plume d’Argent ? Comment as-tu vécu cela ?

Ouaip.
Actuellement je publie sur trois sites différents (en comptant PA). J'ai commencé à publier sur fanfic-fr mais pas avec de la fanfic. Résultat, j'ai eu un peu de mal à trouver mon public mais ça a fini par venir malgré tout. Après ça, j'ai découvert la Plume d'Argent par l'intermédiaire d'Hadana et j'ai migré par là, le coin semblant un peu plus approprié aux histoires originales (et quand même bien plus convivial, il faut le dire). Et récemment je me suis lancée sur les Werewolf Studios.
Ma foi, je vis plutôt bien ces différentes expériences de publication. Sincèrement, j'ai eu l'impression de passer un cap à chacune d'elle. Je ne sais pas... sur chaque site règne une ambiance particulière, des mentalités qui diffèrent un peu d'un site/forum à l'autre, d'autres histoires à découvrir et d'autres auteurs avec qui échanger. Chaque communauté m'a apporté quelque chose à sa façon et, j'en ai le sentiment, m'a permis d'évoluer, de mûrir un peu mon rapport à l'écriture (bouh, ça fait sérieux dit comme ça !).
D'ailleurs, j'ai récemment réalisé que chaque nouveau "lancement" sur un site s'est accompagné d'une réécriture (plus ou moins conséquente) de mon histoire, comme si j'avais appris un peu de mes erreurs sur chaque précédent site et que j'avais tenté de rectifier le tir. C'est comme ça que je le vois en tout cas.  

3. Qu’est-ce que tu préfères dans la publication en ligne ?

L'avantage certain de la publication en ligne, c'est de pouvoir interagir avec les gens qui nous lisent. Récolter tout un tas de points de vue différents venant de personnes qui ne nous connaissent pas et qui ont donc moins de scrupules à dire ce qu'elles en pensent vraiment. Si j'avais écrit toute seule dans mon coin sans publier sur le net, avec uniquement une ou deux copines à qui montrer mon histoire, je ne pense pas que j'aurais progressé aussi vite. Ouais, publier en ligne m'a vraiment fait progresser, à tout un tas de niveaux.
On adorerait tous être publiés par une maison d'édition un jour ou l'autre (même ceux qui n'ont pas pour projet de se lancer là-dedans ne cracheraient pas dessus je pense), mais par moment il m'arrive de me demander... publier sur le net, est-ce que ce n'est pas mieux finalement ? Publier sur le net, c'est déjà proposer son histoire à un très grand nombre de personnes, et c'est en plus pouvoir échanger avec ces personnes, savoir en temps réel ce qu'elles ont pensé de nos écrits, pouvoir en discuter longuement à côté, leur faire part de nos idées etc... Alors évidemment, on ne gagne pas d'argent, évidemment on est pas relus, corrigés et approuvés par des professionnels, mais quelque part est-ce que ce n'est finalement pas plus enrichissant (intellectuellement parlant) ? Enfin bon. Je ne sais pas, ça se discute, mais c'est une idée qui me traverse par moment.  

4. As-tu déjà eu affaire à des critiques bizarres que tu aurais le courage d’évoquer (des groupies folles furieuses, de futurs contrats de mariage ou au contraire des menaces de mort) ?

Hum... ça m'est arrivé d'avoir deux ou trois critiques bizarres. Pas forcément dans la catégorie "groupie en folie" mais plutôt dans la catégorie "lecteur à côté de ses pompes". J'en avais déjà parlé sur mon Journal de Bord mais je ne suis pas prête d'oublier cette lectrice qui avait compris des choses vraiment farfelues en lisant mon prologue. Pour remettre un peu les choses dans leur contexte, l'histoire débute par un cheval ailé monté par une jeune femme agonisante. Le dada débarque au grand galop dans une clairière en pleine nuit, provoquant la fuite des animaux sauvages et notamment d'une chouette. Bon. Il est tout à fait envisageable que je me sois mal exprimée mais les yeux me sont quand même sortis de la tête quand la lectrice en question m'a dit avoir cru comprendre que c'était la cavalière qui possédait des ailes, ou encore s'être demandé si la chouette n'était pas sur le dos du cheval. Le tout avec beaucoup de sérieux. J'ai retouché ce prologue un certain nombre de fois depuis (la chouette est passé à la trappe, paix à son âme) et, même si j'admets volontiers que tout est loin d'être parfait, parfois il me semble qu'il faut quand même faire preuve d'un peu de bon sens quand on lit... (non mais... une chouette sur le dos d'un cheval qui galope quoi ? xD)  


5. Puisque tu ne nous laisses pas beaucoup de choix, parlons donc de Derrière les Portes. Comment t’es venu l’idée de cette saga ?

Je crois que c'est un peu une somme de plusieurs idées et envies que je me trimballe depuis des années. La base de la base, lorsque je me suis lancée là-dedans, c'est que je voulais des personnages avec des dons. Pas quelque chose style sortilèges et pouvoirs magiques à gogo mais juste un ou deux dons très ciblés pour chaque personnage, comme la télékinésie, la pyrokinésie, l'invisibilité, etc... Oui, ça n’a rien de nouveau mais moi ça m'a toujours branché. En plus, je vois les dons qu'on attribue aux personnages comme une façon intéressante de matérialiser tout ce qui peut sommeiller à l'intérieur de quelqu'un. Une espèce de métaphore. Les gens possèdent tous plusieurs facettes et j'ai toujours eu envie de jouer là-dessus. Alors voilà. J'ai voulu faire tout en symboles et en métaphores. Je me rends compte que cette histoire a un côté très manichéen. Mais les histoires avec lesquelles j'ai grandi étaient toutes un peu comme ça alors, évidemment...
Cela dit, ça fait pas toute l'histoire et pour être honnête, j'ai eu beaucoup de mal à visualiser un univers où placer le récit et aussi le pourquoi du comment certains gugus se trimballaient avec des supers pouvoirs. Pour ça, j'ai dû faire pas mal de recherches et parcourir tout un tas de légendes et de mythes avant que l'inspiration ne vienne.   

6. Il a dû te falloir beaucoup de temps pour mettre tout cet univers en place, non ?

Cinq ou six ans pour l'instant. L'univers est encore en cours de création en fait. Personnellement ça m'est complètement impossible d'imaginer tout un univers avant de commencer à écrire. 'Fin, un univers quoi... c'est vaste ! Je passerais jamais à la rédaction si j'attendais d'avoir tout imaginé dans les moindres détails. Non, l'univers se construit au fur et à mesure en même temps que l'histoire. Les idées s'ajoutent. Elles cessent jamais de s'ajouter et elles cesseront pas tant que j'aurais pas mis le point final à l'histoire – réécritures inclues. C'est difficile de mettre son imagination sur "stop" comme c'est difficile de lui demander de tout trouver en une fois.  

7. Derrière les Portes est-il vraiment ton tout premier texte ? Allez, tu sais que tu peux tout nous dire…

Au risque de vous décevoir... oui. Derrière les Portes est vraiment ma première histoire, celle avec laquelle je me suis lancée dans l'écriture (si on oublie les rédactions obligatoires de français). Pas de fanfictions Harry Potter, Pokémon ou Petits Poneys que je cacherais honteusement dans mon placard, pas une ligne de poème, pas de one-shot ni l'ombre d'une bande dessinée en trois cases... non. Rien. J'aurais bien aimé pourtant, ne serait-ce que pour rigoler aujourd'hui en relisant ça ! Ou au moins pour me dire que je me suis un peu fait la main sur des petits projets avant de me lancer dans ce gros morceau. Mais non. En grande impatiente que je suis, je suis passée du néant à « tiens ! Et si j'écrivais une saga en 8 tomes ? ». C'était peut-être pas une brillante idée quand je vois le travail de réécriture que je suis obligée de faire maintenant pour que cette histoire ressemble à quelque chose... Mais bon, ce qui est fait est fait hein. 

8. A ton avis, que pourraient penser tes personnages de la tournure que prend Derrière les Portes ?

Ouch. Je pense que ça ne leur plairait pas beaucoup !
Hayalee serait peut-être la seule à être assez naïve pour se demander ce qui va se passer ensuite mais pour Saru, ça puerait clairement les ennuis à plein nez. Lisandra... je crois qu'elle arrêterait directement les frais et déciderait de s'éloigner le plus possible de cette bande de bras cassés avant qu'il soit trop tard. Quant à Yasuo... bah, il hausserait sûrement les épaules en se disant qu'il arrivera ce qu'il devra arriver. Ah et Iltaïr aurait la confirmation que les choses se passent comme il l'avait imaginé jusque là, ce qui ne serait pas forcément pour lui plaire.  

9. Question de fan : Tu viens de finir de publier sur Plume d’Argent le premier tome de Derrière les Portes, est-ce que tu envisages d'ors et déjà plus ou moins une publication papier ?

Ce serait mentir que de dire que l'idée n’a pas fait son petit bonhomme de chemin depuis que j'ai commencé à écrire... Mais même si je peux l'envisager, c'est certainement pas pour tout de suite. Je n'ai écris qu'un seul et unique tome sur une série qui devrait en compter au bas mot huit alors ça me paraît un peu tôt pour me lancer là dedans. Être publiée a beau ne pas être le but que je cherche à atteindre en écrivant, ça ne m'empêche pas de rêver, de me dire que qui sait ? un jour peut-être que... Mais je ne sais pas trop comment je réagirais face à de potentiels refus. Et je n'ai pas envie de courir le risque de me décourager alors que je n'ai même pas écrit la moitié de l'histoire. J'ai vraiment envie d'arriver au bout de ce projet et, pour ça, il me faut un bon moral. Pour ça, j'ai besoin de pouvoir continuer à rêver je crois.
Alors oui, peut-être qu'un jour j'essaierai la publication papier, ne serait-ce que pour me dire que j'ai tenté le coup, mais pas aujourd'hui. Je pense pas être encore prête pour ça.

10. Pour finir, y aurait-il quelque chose en particulier que tu voudrais dire aux personnes qui sont en train de nous lire ? Un message à leur transmettre peut-être ?

J'espère que je ne vous aurais pas trop ennuyé avec mon blabla !
Mais merci d'avoir pris le temps de vous pencher sur moi et sur mon histoire. Ça fait peut-être un peu pompeux mais je tiens quand même à remercier toute la communauté des plumes argentées pour leur intérêt, leur soutien et leur chaleur ! Ça m'aide énormément de pouvoir échanger avec vous tous. Alors longue vie à PA !   


Ainsi s’achève cette interview. Je remercie Neila pour sa très sympathique collaboration ainsi que pour le temps qu’elle m’a accordé. J’ai conscience qu’elle est présente depuis pas mal de temps sur PA et beaucoup d’entre vous la connaissent sans doute bien, mais c’était important pour moi de pouvoir réaliser cette interview. Alors j’espère que vous aurez eu autant de plaisir à la lire que j’en ai eu à la mettre sur pied !

A toi Neila, je souhaite le meilleur pour les nombreux projets qui t’attendent ainsi qu’une excellente continuation avec ton texte qui continuera certainement à nous faire rêver encore longtemps !

Je remercie tous les lecteurs pour leur attention et vous dis à la prochaine !

Gardez vos plumes affutées,

Slyth

Les perles de PA


Perles du forum Plume d'Argent :  

  
Parce que des plumes qui papotent ensemble sur un forum dédié à l'écriture, ça vaut souvent le détour, nous vous proposons un aperçu de ce que cela peut donner. Voici les petites perles que nous avons sélectionnées pour vous dans ce numéro...  

« Quand les poules auront des dents, et les grenouilles n'auront plus dents, alors la fin du monde arrivera ! J'ai lu l'avenir dans les poils de fourrure de Flammy. »

Par SecretSpleen (Un nouveau membre dans l'équipe..., 9 Nov 2012)


« Mes fins préférées se doivent d'être aigre douces. Elles doivent apporter une conclusion mais peuvent se permettre le luxe de faire une fin ouverte. Elles se doivent d'être positives mais pas forcément finir bien. »

Par Xenjax (Qu'est-ce qu'une "bonne fin" ?, 5 Sep 2012)


« Mais je dirais que parfois, la pluie est apaisante, parce qu'on n' se sent pas obligé de sortir! C'est une bonne excuse pour faire la limace dans le canapé ou carrément dans le lit, avec la lampe de chevet allumée tellement il fait sombre, et un bon livre devant les yeux. Ces atmosphères-là sont très plaisantes, surtout quand il fait plutôt chaud à l'intérieur, et qu'on devine plus ou moins la température extérieure. Sans jamais mettre un orteil dehors bien sûr. C'est tout dans l'imagination, comme une petite frayeur maîtrisée qui nous fait davantage apprécier le moment présent. »

Par Jamreo (Que faites-vous un dimanche pluvieux ?, 18 Sep 2011)


« Moi au contraire, quand j'aime bien un personnage, ça me dérange pas de le tuer, mais quand c'est des secondaires ou des inconnus, ça me gêne plus parce que ça fait un peu carnage inutile selon moi. Chuis pas normale. »

Par Flammy (Vos obsessions ?, 10 Aoû 2008)


« En réalité j'essaie de rougir pour montrer à quel point je suis fragile et vulnérable, mais ça ne marche jamais, parfois je retiens ma respiration, mais je vire aussitôt au bleu, ou alors mes interlocuteurs ont l'impression que j'ai mangé trop de riz ! »

Par Aranck (Journal d'Aranck, 20 Mar 2013)


« J'adore l'hiver, le côté festif, la nuit qui tombe tôt, apprécier pleinement une tasse de chocolat chaud ou de thé... Mais la vache c'qui fait froid là !!! »

Par Elka (Bûcher Collectif, 15 Oct 2009)


Citations d'auteurs du site Plume d'Argent:

Vous les avez lus, peut-être commentés, et sans doute vous-êtes vous dit au fil de vos réflexions que certains passages mériteraient d'être cités dans des conversations hors contexte, juste pour la beauté des mots et des phrases savamment agencées ? Retrouvez dans ce numéro quelques citations qui ont retenu notre attention ce mois-ci, et n'hésitez pas, pour les parutions futures, à nous transmettre vos propres suggestions ! Elles n'en seront que mieux appréciées !


« Anna pinça les lèvres. Elle repensait à sa vie sur Terre. Puis à Rygath, Inhgaïa, Kahyna, à Térence aussi. Et enfin, elle réfléchit à ce qu'elle savait de Tinardhante, considéra tout ce qu'elle avait déjà vécu auprès de cet artefact depuis leur arrivée dans ce monde inconnu. Vécu. L'amulette avait été le premier être à l'avoir considérée comme un individu à part entière. Elle était la seule à lui faire miroiter la possibilité d'exister malgré sa condition instable condamnée à mourir dès sa création. Depuis qu'elle était toute petite, on lui disait toujours la même chose : un être vivant de son espèce était une aberration non viable vouée à s'éteindre après une vie courte, torturée, persécutée. Tinardhante seule réalisait le miracle de lui faire ressentir la lueur d'espoir qui lui donnait envie de se battre. Même si l'artefact l'avait manipulée, même si elle lui avait fait faire et vivre des choses horribles... Jamais elle ne lui avait menti. Et finalement, elle était toujours là au bon moment pour intervenir quand les choses tournaient pire que mal. Anna ne se sentait plus seule, ni rejetée. Mais comprise, voire nécessaire. »
  
Par SecretSpleen dans L’Amulette d’un ange sur Fictions Plume d'Argent.  


« Il n'y avait plus de courage ou de belles paroles, il n'y avait plus de bonnes ou de mauvaises décisions quand la vie ne tenait qu'à un fil. Lorsque quelqu'un vous menace d'une arme, lorsque vous pouvez clairement voir dans ses yeux qu'il le fera, alors l'homme n'est plus rien d'autre qu'un animal face à un prédateur. Un animal face à la Mort. (…) Pourtant, lorsqu'Hayalee se retourna dans son lit en fermant les yeux, pas une seule larme ne vint imprégner l'oreiller. Elle avait pu manger à sa faim, profiter d'un instant d'insouciance en compagnie de ces gens, rire même ; elle pouvait maintenant dormir, l'air s'insinuait dans ses poumons, son cœur continuait de battre... Elle était en vie. Et sa famille aussi. »

Par Neila dans Derrière les Portes sur Fictions Plume d'Argent.


« – Et plus que tout… j’ai un gros faible pour les filles timides. J’aime toutes les filles timides. Aline était très réservée quand je l’ai connue. Elle ne parlait jamais. Et quand je flirtais avec elle, elle ne savait plus où se mettre. C’était mignon. Caroline, elle ne rougissait pas. Elle fermait les yeux d’une façon assez particulière, et souriait très timidement. Et on voyait ses pommettes toutes roses. Un amour. Et toi Lulu… Quand je t’ai vue la première fois, tu n’osais pas t’avancer vers Madame Suzette, car tu pensais que j’étais là avant toi. Tu étais écarlate. J’ai craqué. Voilà.  »

Par La Ptite Clo dans Graines de comédiens sur Fictions Plume d'Argent.


« Le tapis moelleux étouffait ses pas rapides et cette sensation la ravissait : impossible pour les autres de savoir quand elle allait leur fondre dessus ! Ses premières victimes : les immanquables fainéants du dortoir des serviteurs. Ces profiteurs que, dès son plus jeune âge, Ayleen avait pris plaisir à réveiller à grand renfort d'eau glacée, contenue dans les seaux de chacun d'eux. Cela faisait partie de ses meilleurs souvenirs d'enfance et, rien qu'à l'idée d'imaginer leurs cris de surprise montant dans les aigus, elle s'en délectait d'avance ! »

Par Slyth dans Une vie de château sur Fictions Plume d'Argent.


« Remontant sa manche gauche, elle fixa l'intérieur de son avant-bras. Là, pour toujours, était gravée une série de dix symboles : quatre chiffres, un losange dont les sommets de droite et de gauche étaient reliés par un trait puis à nouveau des chiffres, cinq. Elle avait choisi l'endroit symboliquement et les chiffres tout autant. D'abord un deux, puis un zéro, venait ensuite un un, puis un deux, de nouveau. C'était l'année de sa congélation. Ironiquement cela lui avait fait penser à tous ces produits surgelés qu'elle avait mangés dans sa vie. C'était sa date d'emballage, il ne manquait plus que celle de péremption. »

Par Blacky dans Cicatrice. Livre I : Faye sur Fictions Plume d'Argent.


« Lise essaye de suivre tant bien que mal mais à vrai dire, elle a du mal à se concentrer sur autre chose que le relevage systématique des tommettes du carrelage : le nombre, le pourcentage de carreaux rouges vraiment rouges – et les critères qui définissent un carreau rouge – la surface moyenne… Elle y voit davantage de poésie que dans les rêves tarabiscotés du vieil homme qui ne se lasse pas de parler des miettes de pain qu’il distribuait à des kiwis affamés qui mendiaient devant sa fenêtre vers deux heures du matin. »

Par Mimi dans Ciseaux sur Fictions Plume d'Argent.

La galerie des Plumes

La galerie des Plumes :



Keina (Illustration de (une Silfine))
Site web : http://silfine.free.fr/


 
Saïph (Illustration de Irïan réalisée sous Photoshop CS6.
Site web : http://saiphriguel.blogspot.fr/
 


 Elka (Illustration de END) 


Les nouvelles pérégrinations culinaires

Les nouvelles pérégrinations culinaires :

Solenne de Barjac est une jeune femme vive et observatrice. Parfois emportée et enthousiaste, parfois recentrée sur elle-même, elle voit le sens du vivant dans la nourriture.

Avant d’hériter d'un château en Bourgogne avec son frère, Solenne voyageait énormément. Elle découvrait mille et une façons de se nourrir ainsi que des recettes étonnantes. Elle apprenait petit à petit l’importance de l’amour et de la nourriture. Toutes ces expériences vécues lui ont permis de construire et de mettre en forme un livre de cuisine qui bouleversa sa vie. Il a pour titre : «Manger, un acte d’amour ?»

Ce livre, dont nous suivrons la création, est donc le résultat de toutes ses pérégrinations culinaires glanées de par le monde. Une plongée vertigineuse dans une vision atypique du Bien Manger.
L’Empire des Sens


Menu "Voyage en Indonésie"

  • riz dans une feuille de bananier, laurier, noix de cajou, sauce soja
  • brochettes de poulet sauce satay


Bali. L’antichambre du paradis. Une île aux mille sourires, luxuriante, verdoyante, un charme unique dominé d’un volcan noir et vibrant, avec ses temples par milliers et ses rizières fertiles et sculpturales. Une île où Solenne, dès son arrivée, reçut comme un cadeau du ciel sa chaleureuse atmosphère ainsi que l’accueil si prévenant des insulaires. Emprunt d’un mélange d’humilité et de solennité, les mains jointes sur leur poitrine en signe de salut, ceints dans des tenues soyeuses et toujours très colorées, les hommes et les femmes de cette île savaient recevoir et mettre à l’aise le touriste de passage. Fiers et ouverts, ils se faisaient un point d’honneur de faire partager leur culture. Une culture riche et unique. Chaque village, chaque contrée ont toutes sortes de motifs à faire des fêtes, des cérémonies hautes en couleurs. Il n’était pas rare, voire même quotidien, de croiser une procession joyeuse et musicale. Hommes aux tambourins, femmes aux offrandes fraîches et ouvragées sur la tête et enfants aux bras chargés de corbeilles, tous en grands habits flamboyants et ombrelles à pampilles se dirigeaient, le sourire éternel aux lèvres, vers leur temple. Il n’était pas rare que l’on puisse les suivre jusqu’à leur cérémonie. Il suffisait de se couvrir les jambes par respect pour leur religion, se mettre dans un coin et observer en silence. Peu farouches, ils posaient volontiers devant un objectif. Un bonheur et une délectation pour le touriste friand d’authenticité.

Solenne, notre cuisinière touriste, se promenait les narines en avant et les prunelles écarquillées, cherchant à découvrir autant qu’à faire honneur à la cuisine locale. Parfumée et savoureuse, les mets indonésiens ne savaient pas être tristes ni fades. À l’image de leurs créateurs, ils étaient beaux et toujours raffinés tout en restant simples et modestes. Quand, au détour d’une ruelle, les parfums des épices et des feux de bois se frayaient un chemin jusqu’à ses sens aiguisés, la jeune femme ne résistait pas à parcourir le petit marché coloré qu’elle trouvait alors. Posés là, à même les trottoirs arpentés par les passants et les chiens, on zigzaguait entre les étals de légumes, de viandes en train de cuire sur des braséros, de fleurs luxuriantes posées sur des nattes de bambou. On rasait des pieds les offrandes du matin disposés ça et là, qui pour conjurer le mauvais sort, qui pour demander les faveurs des dieux. Tout cela se mélangeait allègrement dans des volutes improbables d’odeurs, de fumées et de poussière sous un soleil de plomb. La jeune femme allait, sans trop savoir où la mènerait son intuition et tout en faisant confiance à son odorat assailli d’improbables fragrances.

Un peu plus loin, sous un appentis donnant une ombre vaine à quelques petits marchands, attirée par un fumet délectable de viande grillée et de sauce pimentée, Solenne s’approcha de l’étal d’un marmiton typiquement local. C’était un jeune homme, plutôt petit comme la plupart de la gent indonésienne, d’un âge indéfinissable, très mince, le teint mat, la peau épaisse et le sourire aux yeux rieurs qu’ils arborent presque tous sur cette île. Sous des cheveux noirs et soyeux, son regard brun venait d’apercevoir la jeune occidentale qui s’approchait, curieuse. Fascinée par ses gestes rapides et précis, répétés sans cesse, elle observait la confection d’un plat commun d’ici. Redoublant de maîtrise sous le regard attentif de la jeune femme, il s’appliquait dans sa préparation. La viande, qui semblait être du poulet, était piquée torsadée en lanières en petites brochettes sur des bâtonnets de bois et chantait joyeusement sur un grand brasero portatif monté sur roulettes. Elle lui avait dit «bonjour» en indonésien et il avait esquissé un salut de la tête, comme intimidé. Une femme blanche à cheveux roux qui s’intéressait à vous, c’était tout de suite valorisant surtout quand elle regardait vos gestes avec autant d’attention. Avec un grand sourire, elle lui avait demandé en anglais si c’était bien la viande qu’elle supposait et quelle était cette sauce qui mijotait à côté. Il bafouilla quelques mots maladroits dans la même langue. Elle comprit le mot «satay» prononcé si savoureusement avec l’accent si particulier des balinais.

Des fines lanières de viandes étaient trempées dans un liquide brun crémeux. Le jeune marmiton lui énonça la liste d’épices et d’ingrédients qu’il avait mit dedans : cumin, curcuma, coriandre, sucre et lait de coco. L’indonésien tendit deux doigts en «v» devant lui pour préciser qu’il fallait deux heures pour mariner la viande. Il lui montrait ensuite sa dextérité à ficher les morceaux de poulet sur un pic en bois, une lanière enfoncée en zigzag, et il les déposait rapidement sur la grille brûlante du brasero. La viande chantait son jus parfumé sur les braises. Un avant goût du délice que Solenne envisageait déjà. Pour la sauce, il lui fit une démonstration de son pilon de pierre dans lequel il broya les cacahuètes grillées pour les réduire en poudre fine. Là, la jeune femme sut que sa gourmandise allait être mise à la torture car, à la vue des grains gémellaires et croquants, son estomac se mit à chantonner et sa bouche à saliver à plein régime. Sa faim prit soudain des allures d’urgence. Avec un coup de poignet habile, il écrasait les arachides rapidement et les jetait ensuite dans le lait de coco en train de chauffer dans un large récipient tout cabossé sur un coin du brasero. Il ajouta une bonne cuillère de pâte de curry rouge, du sucre, du jus de citron, du concentré de tomate et il laissa mijoter un bon moment. Elle lui indiqua avec quelques mots d’anglais et quelques gestes qu’elle commandait une assiette de dégustation. La jeune femme se pencha pour humer les saveurs qui se dégageaient de la marmite en agitant une main pour amener la vapeur jusqu’à ses narines. Le jeune marmiton ne fut pas insensible à ses yeux brillants de friandises. Solenne savait déjà que lui serait présentée une promesse haute en saveur.

À côté, sur un autre brasero, était maintenu au chaud une grosse gamelle d’où s’échappait une grosse vapeur lorsqu’il souleva le couvercle. À l’intérieur, sur un tamis, étaient rangés des petits paquets de feuilles de bananier garnis. Il en prit un avec une spatule et le déposa sur une assiette de service en fer blanc. Il ouvrit délicatement la feuille et apparut un riz blanc dont le doux parfum de laurier et de noix de cajou se mélangea à celui de la sauce mijotée et de la viande. Le jeune homme versa une grosse louche de satay sur le riz fumant, déposa délicatement deux brochettes de poulet grillés sur le tout et tendit le résultat à Solenne avec un sourire satisfait. Elle s’en saisi en inclinant la tête avec respect. Ses yeux pétillaient d’appétit. Il lui tendit une fourchette. Il savait à qui il avait à faire, lui ! Normalement, ils mangent tous avec les doigts. Mais pas les occidentaux. Solenne le remercia d’un immense sourire et partit s’installer non loin, sur un bord de trottoir.

Oh, les saveurs douces, subtiles et puissantes de ce plat !! La première sensation, c’était une texture veloutée dans la sauce, alliée au fondant des grains de riz parfumés. Peu après, c’était la force du piment qui envahissait la bouche. Vraiment très fort. Mais ce goût de cacahuète si particulier tenait si bien tête au curry que Solenne ne put s’empêcher de soupirer de plaisir. Ses yeux roulaient d’excitation sous l’effet de sensations fortes et elle agitait sa fourchette sous l’air hilare du marmiton. Elle prit de deux doigts une brochette qu’elle trempa généreusement dans la sauce et croqua un morceau de viande en la faisant glisser de son pic. Le poulet était bien grillé, presque croquant en surface et fondant à cœur. Parfumé à souhait dans sa marinade, il s’était transformé en texture tendre et douce sous la puissance de la sauce. Elle se dit que si elle reproduisait cette recette de retour en France, elle adoucirait la sauce, car elle était décidément trop forte. D’ailleurs, elle fit un petit signe au marmiton pour lui démontrer que c’était vraiment très fort et vraiment très bon aussi. Et puis ces cacahuètes étaient vraiment une idée sublime. Si elle n’avait dû venir à Bali que pour une chose c’était au moins pour une tel délice. Oh oui !

Quand elle eut fini son assiette, elle se leva, rapporta sa vaisselle au marmiton affichant son sourire persistant. Elle le paya, le remercia encore, s’inclina les mains jointes et s’en alla. Un peu plus loin, après le marché, se trouvait le parc arboré et tropical d’un bar à touristes. Là, l’attendait Paul, son mari, allongé sur un transat posé sur un superbe gazon vert, au bord d’une pièce d’eau emplie de nénuphars et de lotus. Il lisait un livre, un cocktail posé à côté de lui sur une petite table basse.

Tu ne devineras jamais ce que je viens de découvrir, lui dit Solenne en s’agenouillant tout près de lui dans le gazon.


Vefree

PS : à lire en écoutant ces musiques locales : http://www.deezer.com/fr/track/14010601