jeudi 15 mai 2014

Éditorial

 Bienvenue pour ce nouveau numéro du PAen, le journal écrit par des plumes pour des plumes. Toute l'équipe remercie l'auteur Kylie Ravera pour avoir répondu avec autant de fraîcheur et de pep's aux questions de notre intervieweuse !

Pour cette formule nationale du 15 mai 2014, vous trouverez au programme :

- À vos claviers : Dragonwing sélectionne les concours et les appels à texte du moment.
- Dessine-moi une Plume : Saïph nous fait découvrir l'incroyable palette de Julien Delval.
- Citations d'auteur : Cristal partage avec vous ses extraits coups de cœur.
- Les Inspirateurs : Saïph vous ouvre grand la carte du ciel nocturne.
- Paroles de Pro : Shaoran a interviewé Kylie Ravera, l'auteur auto-publié de l'excellente Tentation de la pseudo-réciproque !



  >> Une version PDF du PAen est téléchargeable ici



Astuce : Faite un peu défiler la page qui s'affiche et cliquez sur

Vous y trouverez des contenus bonus, alors pourquoi vous en priver ? Toute l’équipe vous souhaite une bonne lecture !


Cristal et Saïph, rédactrices en chef

À vos claviers

Les Plumes, l’été approche à grands pas. Vite, vite, un petit rituel païen pour accueillir les beaux jours ! Et pourquoi pas… écrire ? Les concours de ce numéro sentent bon la mer, les amourettes de vacances et les vampires à la plage. Choisissez votre préféré et démarrez l’été du bon pied !





[Concours de nouvelles] Romance et bit lit 2014
Lien : http://romancefr.com/concours-de-nouvelles/
Organisateur : Les éditions Laska.
Genres littéraires : Romance, ainsi que chick lit, bit lit et Young Adult (voir le règlement pour plus de précisions).
Thème : Libre.
Longueur : Entre 5 000 et 15 000 mots.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par formulaire sur leur site (disponible à partir du 1er juin 2014).
Date maximum de soumission : 27 juin 2014.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur avec à-valoir (premier prix : 150 dollars canadiens ; second prix : 50 dollars canadiens) et droits d’auteur.

[Concours de nouvelles] Nouvelles du large 2014
Lien : http://www.bibliotheque-stgilles.fr/s/node/content/nid/2306
Organisateur : La bibliothèque « La Conserverie » de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Le monde maritime ». L’expression « Nouvelles du large » (« Nouvelles » au singulier ou au pluriel, avec ou sans majuscule) doit apparaître au moins une fois dans le texte.
Longueur : Maximum 6 pages.
Modalités de soumission : Frais de participation de 2€ payables par chèque ou timbres. Envoi par courrier en 4 exemplaires.
Date maximum de soumission : 30 juin 2014.
Bénéfices : 1er prix, 400€ ; 2ème prix, 200€ ; 3ème prix, 150€ ; du 4ème au 10ème prix, 70€. Les auteurs des dix meilleures nouvelles recevront des livres sur la mer ainsi qu’une une nuit d’hôtel pour deux personnes à St Gilles pour assister à la remise des prix.

[Concours de nouvelles] CIL Sud Presqu’île Confluence

Lien : http://cil.sudpresquile.online.fr/cil/?p=1490
Organisateur : Le CIL Sud Presqu’île Confluence (Comité d’Intérêt Local du 2ème arrondissement de Lyon).
Genre littéraire : Tous.
Thème : « Passage » dans son acceptation symbolique ou réelle, avec le sens d’« aller vers », « rencontrer ».
Longueur : De 6 à 10 pages.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par courrier en 2 exemplaires ET envoi par email.
Date maximum de soumission : 15 juillet 2014.
Bénéfices : 1er prix, 400€ ; 2ème prix, 200€ ; 3ème prix, 100€. Les dix ou quinze meilleurs textes seront réunis dans un ouvrage collectif dont chaque auteur édité recevra un exemplaire (mais aucun droit d’auteur). Récompenses supplémentaires pour les participants habitant le 2ème arrondissement de Lyon. De plus, les billets SNCF aller-retour sont offerts aux lauréats n’habitant pas Lyon pour la remise des prix.

[Appel à Textes] Vampires Délires
Lien : http://lune-ecarlate.com/at-et-ai/vampires-delires/
Organisateur : Les éditions Lune Écarlate.
Genre littéraire : Tous.
Thème : Les vampires, mais « ce que nous voulons c’est du surprenant, pourquoi pas du rire, du loufoque même voir du déjanté ou encore de l’épouvante la plus sanglante ».
Longueur : Entre 20 000 et 60 000 signes.
Modalités de soumission : Pas de frais de participation. Envoi par formulaire sur leur site.
Date maximum de soumission : 30 juin 2014.
Bénéfice : Publication à compte d’éditeur avec droits d’auteur.

À vos claviers !

Dragonwing

Dessine-moi une plume

Je flâne, tu flânes, il ou elle flâne, nous flânons… Rassurez vous, je ne vais pas vous présenter le Bescherelle, même si ça aurait pu être amusant, mais vu la période de l'année, nous oscillons tous entre les jours fériés et les échéances de l'année. Flâner devient un luxe, mais c'est de là qu'il tire sa saveur. C'est aussi là qu'on découvre une illustration qui invite à l'aventure et au voyage dans le temps.

L'artiste du jour :

Couverture par Julien Delval


Aujourd'hui nous parlerons des travaux empreints d'aventure épique de Julien Delval.

L'Homme :

Né à Paris en 1972, il y suit des études d'arts plastiques et d'arts décoratifs à l'ENSAD, avant de débuter une carrière d'illustrateur freelance. Il réalise en particulier de nombreuses couvertures pour les éditions Mnémos. Il est l'auteur de multiples couvertures dont celles du Secret de Ji et de la trilogie du Lion de Macédoine, ainsi que les couvertures de la série de l'Agent des ombres de Michel Robert. Ne se limitant pas aux romans, il illustre également des jeux de société et des jeux de rôle auprès de l'éditeur Multisim, principalement sur la gamme Agone, et l'éditeur Days of Wonder. Julien Delval travaille également sur un projet de bande dessinée en coopération avec Krassinsky et intitulé Les Petits Soldats.

L'artiste :

Sur son blog, vous remarquerez que Julien Delval s'applique à nous présenter aussi bien ses dessins préparatoires que ses recherches de couleurs. De voir ainsi le travail en amont comme celui de la création finale est vraiment instructif. D'autant plus pour nous qui ne voyons que l'œuvre achevée. Nous avons du mal à imaginer ce qu'il se passe dans l'atelier entre le moment où l'illustrateur reçoit la commande et le moment où il présente la couverture. Pour vous aider à appréhender ce cheminement, voici une des illustrations de Julien Delval.



Les différentes étapes


Nous voyons bien la mise en place des formes et des plans, afin que l'illustration ait une profondeur et ainsi un impact sur le regard. La mise en ombre et en lumière est aussi primordiale pour l'ambiance globale. Vient ensuite un travail de fourmi et de patience pour d'abord poser les fonds et accoucher de chaque personnage. Chacun semble déjà avoir une histoire et un caractère propre qui se passerait presque de roman. L'imaginaire vient de lui-même tant l'image est précise mais ouverte. J'ai beaucoup aimé voir sa palette et m'imaginer comment cet instrument vit au fur et à mesure des commandes. Je ne résiste pas à l'envie de vous la présenter :

La fameuse palette
Qu'est-ce qui caractérise le travail de Julien Delval ? J'avoue hésiter encore, car il s'adapte à beaucoup de supports. Pouvant être un peu naïf sur des personnages fantastiques, son travail aura aussi l'étoffe des tableaux aux perspectives académiques rappelant parfois l'antique avec un décor à colonnades. Pourtant, si vous observez ses bandes dessinées et ses jeux de société, vous ne trouverez pas la même pâte sous ses pinceaux.

Je vous invite donc à aller explorer ce site : http://juliendelval.blogspot.fr/, ou tout simplement à chercher grâce à votre moteur de recherche.

Votre dévouée,

Saïph

Les Inspirateurs

Avec l'arrivée des beaux jours, la nuit devient moins froide et nous invite à s'y balader en compagnie des étoiles. On s'installe donc sur une lande déserte, loin de la ville et de ses lumières parasites pour renouer avec le ciel et ses merveilles. Admirer la noirceur de la nuit, tous y aspirent avec plus ou moins de poésie. Voilà surement la raison pour laquelle ce décor s'invite fréquemment dans nos écrits. Mais qu'y voit-on vraiment ? Qu'avons-nous oublié à force de côtoyer les myriades des réverbères ? Voila de quoi occuper cette rubrique dédiée à nos inspirations.

Loin des villes, proches des étoiles

Premier regard

Le premier élément qui vient à nos yeux, c'est cette obscurité constellée d'étoiles ; des étoiles aux couleurs différentes, de taille et de luminosité variées qui scintillent comme dans un conte de Noël.

Tiens, pourquoi les étoiles scintillent-elles ?

Eh bien, elles n'y sont pour rien, c'est juste l'atmosphère de la Terre qui nous joue un tour. Avez-vous déjà remarqué les ondulations de l'air quand l'air froid de l'hiver rencontre l'air chaud d'un radiateur ? C'est le même phénomène. La température des masses d'air joue avec la lumière, la déviant de sa trajectoire et nous faisant croire que l'image bouge.

Mais revenons à notre beau ciel où les soleils sont répartis comme si un être les avait jetés pêle-mêle dans l'espace. Une bande blanchâtre, comme une trainée de lait raille la sphère des fixes. Même depuis l'hémisphère Sud, cette trainée de lait est omniprésente !

Serions-nous encerclés ?

Là encore c'est notre vision de Terrien qui nous joue des tours. Cette bande n'est qu'un amas d'étoiles si proches qu'elles se confondent presque. Il s'agit de notre galaxie, la voie lactée.

Une galaxie ? C'est joli, mais c'est quoi ? En faisons-nous partie ?

Une galaxie c'est un disque d'étoiles, de poussières et de gaz qui tourne. Ces disques sont souvent dessinés de bras. C'est le cas de notre galaxie. Quant à notre place dans ce disque, je vous renvoie à la photo. Sachez juste que nous logeons dans le bras d'Orion. 



Galaxie : Vous êtes ici !

Nous n'en avons pas encore fini avec ces stars nocturnes, car je n'ai pas parlé de la très célèbre Grande Ourse, dite la Grande Casserole pour les intimes. De tous temps, les hommes observent le ciel, imaginant des formes et des histoires au gré des amas difformes des étoiles. Ils ont aussi fait ce constat : chaque nuit, les étoiles se lèvent à l'Est et se couchent à l'Ouest. Merci à la rotation de la Terre qui nous offre ce panorama mouvant en tournant sur elle-même. Mais de jour en jour, euh... pardon, de nuit en nuit, les étoiles se lèvent de plus en plus tard jusqu'à ne plus apparaitre la nuit. Que voilà un beau calendrier créé par le circuit de la Terre autour du Soleil ! Ainsi, si vous décrivez un ciel d'été, n'allez pas parler de la constellation d'Orion ou du grand Chien. Elles ne sont visibles qu'en hiver ! Il faudra plutôt citer la Lyre, l'Aigle et le Cygne. Si vous voulez être sûr de ne pas vous tromper, il se trouve que certaines constellations sont visibles toute l'année dans l'hémisphère Nord. Et voila enfin notre Grande Ourse, la Petite Ourse, le Dragon, Cassiopée…


Notre bonne vieille lune

Le cas particulier de le Lune

Donc, dans le ciel nous voyons : des étoiles et une zone avec une grande concentration d'étoiles. C'est un paysage peu varié, mais c'est sans compter sur notre joyau, muse des poètes : La Lune ! Joli corps faisant un quart de la Terre, sa surface est aussi désolée qu'un désert de poussière. Sans la lumière solaire, elle ne serait qu'un caillou noir sur la trame sombre de la nuit. Que ce serait triste ! Heureusement pour nous, elle éclaire nos nuits et même nos jours. Si elle nous offre un visage toujours changeant, c'est que la Lune fait un tour autour de la Terre en près de 29 jours. Cette "lente" rotation nous permet d'apprécier des croissants et des pleines lunes auréolés de mystères.

Du coup, puis-je voir un croissant de lune en plein milieu de la nuit ?

Malheureusement non. Les croissants ne sont visibles que de jour.

Mais si je me souviens bien, nous voyons ces phases à cause de l'ombre de la Terre…

C'est l'idée reçue la plus fréquente. L'ombre de la Terre n'a rien à voir là-dedans. Sans faire un cours de mécanique céleste, sachez juste que la Lune est toujours à moitié éclairée par le Soleil et que nous, Terriens sur notre vaisseau la Terre, voyons plus ou moins cette partie éclairée.

Et les éclipses ?

Le jour fera l'objet d'un autre article. Je ne parlerai ici que des éclipses de Lune et, cette fois, l'ombre de la Terre explique le phénomène. Cela n'a lieu qu'en période de pleine Lune, quand celle-ci est parfaitement alignée avec la Terre et le Soleil. Il se produit alors un phénomène particulier. Quand l'astre Séléné glisse dans l'ombre de la Terre, elle se colore de jaune puis de rouge. Comme pour le scintillement des étoiles, l'atmosphère de la Terre est encore la responsable du spectacle.

Les bolides

Si étoiles et Lune se déplacent lentement, d'autres passent en un instant. Je pense bien sûr aux étoiles filantes ! Ces cailloux de l'espace qui viennent bruler dans l'atmosphère de la Terre. Enfin, tant que ces roches spatiales sont de petites tailles, tout va bien, mais s'il leur prend la folie des grandeurs, nous revivrons l'extinction des dinosaures. Les créations humaines traversent aussi le ciel : c'est le cas des avions, mais aussi des satellites et de la station spatiale internationale. Cependant, il y a plus intéressant à traquer : les planètes.


Les planètes

Cinq planètes sont visibles à l'œil nu : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Néanmoins, n'espérez pas les observer toutes en même temps. Mercure se tient très souvent devant le Soleil, tant elle est proche de notre astre. Vénus, aussi appelé à tort "étoile du berger", est généralement observable aux premières ou aux dernières heures de la nuit. Pour les trois dernières planètes, c'est une autre danse. Là, je vous encourage à consulter les éphémérides si vous voulez vraiment faire un récit réaliste.


Aurore boréale

Les voiles

Il ne nous reste qu'une observation à faire dans ce ciel, à condition d'être près des pôles : les aurores boréales. Ces rideaux de lumière, principalement verts, voire roses, sont une interaction entre les particules solaires et notre atmosphère. Eh oui, encore et toujours elle. Pour les puristes, il faudrait aussi parler du champ magnétique de la Terre, mais nous ne sommes pas là pour ça. Donc, notre chère étoile produit de la lumière, de la chaleur mais aussi toute une flopée de particules et certaines viennent jouer avec les gaz de notre atmosphère et les illumine. L'intensité des aurores étant fonction du flot de particules, la zone de visibilité fluctue. Enfin, n'espérez pas voir des aurores en France ou même en Irlande, ou alors c'est que notre Soleil aura eu un excès de fièvre.

Ainsi, la nuit nous pouvons observer des étoiles regroupées en constellations pour se situer dans le temps, des galaxies dont une que nous habitons, la Lune, cinq planètes, des étoiles filantes, des satellites, et des aurores. Voila de quoi vous amuser une bonne partie de la nuit et transformer toutes ces sciences en vers ou en prose au gré de vos envies.

Saïph

Citations d'auteur

« Une pensée, parmi la multitude qui s'entrechoquaient dans son esprit, prit du relief, se précisa jusqu'à devenir une certitude. Limpide. Réjouissante. Un ours n'est pas une arme conventionnelle ! »

de Pierre Bottero (dans L'autre, Tome 1 : Le Souffle de la Hyène)

« Pour ma part, j’étais petite, anguleuse et dénuée de beauté, et comme je ne pouvais séduire par mes charmes, je m’efforçais de discuter de choses sérieuses, ce qui faisait tout autant fuir les hommes. »

de Tracy Chevalier (dans Prodigieuses créatures)

« Incompréhensible, ce parfum, indescriptible, impossible à classer d'aucune manière, de fait il n'aurait pas dû exister. Et cependant il était là, avec un naturel parfait et splendide. Grenouille le suivait, le cœur cognant d'anxiété, car il soupçonnait que ce n'était pas lui qui suivait le parfum, mais que c'était le parfum qui l'avait fait captif et l'attirait à présent vers lui, irrésistiblement. »

de Patrick Süskind (dans Le Parfum)

« Je crois bien que c'est ça le vrai amour : avoir l'impression d'être dans sa vie, pas à côté. Au bon endroit. Ne pas avoir besoin de se forcer, de se tortiller pour plaire à l'autre, rester comme on est. »

de Katherine Pancol (dans Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi)

« Tu perds la tête, tu déménages, tu travailles du chapeau, tu as les méninges en accordéon, tu as une araignée au plafond, tu as le timbre fêlé, tu ondules de la toiture, tu es bon pour le cabanon. Ou, tout simplement : tu deviens fou. »

de Stephen King (dans Shining)

« Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez-vous que c'est une bonne journée, que je le veuille ou non, ou que vous vous sentez bien ce matin, ou encore que c'est une journée où il faut être bon ? »

de J.R.R. Tolkien (dans Bilbo le hobbit)

« Les mots ! Les simples mots ! Combien ils sont terribles ! Combien limpides, éclatants ou cruels ! On voudrait leur échapper. Quelle subtile magie est donc en eux ?... On dirait qu'ils donnent une forme plastique aux choses informes, et qu'ils ont une musique propre à eux-mêmes aussi douce que celle du luth ou du violon ! Les simples mots ! Est-il quelque chose de plus réel que les mots ? »

de Oscar Wilde (dans Le Portrait de Dorian Gray)

Paroles de Pro

Coucou les plumes,

L’article d’aujourd’hui sera consacré à une auteure du Web qui s’est lancée dans l’excitante et mystérieuse aventure de l’auto-publication, j’ai nommé Kylie Ravera. Sa série de livres dont le premier tome s’intitule « La Tentation de la pseudo-réciproque » est disponible sur son site. En exclusivité sur PA, elle a accepté de répondre à nos questions.


1- On a tous en nous ce petit grain de folie que certains décident un jour de développer. Que ce soit au travers de la musique, du dessin ou encore de l’écriture, on a tous nos raisons de laisser notre créativité s’exprimer. Quelle a été la vôtre ?


• Difficile de répondre au singulier à cette question... Il y a sans doute eu, au tout début, l’envie de raconter des histoires semblables à celles que je prenais plaisir à lire. Puis est venue la sensation grisante que l’on éprouve en jouant avec les mots, en feintant les subtilités de la langue, en visant une certaine justesse par la maîtrise de l’aspect technique de la « chose écrite ». Plus tard, les vertus psychanalytiques de l’écriture ont sûrement été une raison suffisante pour que je m’attache à raconter certaines histoires bien précises. Maintenant, l’écriture est tout simplement un endroit où je me sens bien – sûrement la meilleure raison de vouloir demeurer sous l’emprise de cette petite folie !

2- En tant qu’auteur, a fortiori débutant, on voit toujours les maisons d’édition comme une forteresse imprenable pleine de dragons à visage humain et de magiciens du papier. L’édition classique vous a-t-elle déjà tenté ou l’auto-édition a toujours été une évidence ?  

• Ce qu’il y a de bien, avec les forteresses imprenables, c’est qu’on peut imaginer tout un tas de techniques pour essayer de les prendre quand même : ça a le mérite de stimuler l’imagination. Mais le jour où on se décide finalement à construire sa propre petite chaumière sur un lopin de terre à l’écart, on réalise qu’on peut y être très heureux – tout en y étant bien moins ennuyé par les dragons…
L’édition classique est longtemps restée une cible, l’autoédition étant plutôt « un accident » due à la facilité d’accès des outils qui permettent de se lancer. Mais suite à une conjonction d’évènements – quelques réponses d’éditeurs concordantes expliquant pourquoi une série comme la Tentation n’était pas faite pour l’édition « de masse », un nombre croissant de retours de lecteurs plutôt enthousiastes, de bonnes critiques sur différents blogs, et une certaine lassitude de dépenser du temps et de l’énergie pour monter des dossiers à l’intention des éditeurs – j’ai choisi d’assumer cette approche concernant la diffusion de mes livres. Et puis je pense que l’autoédition, si elle permet d’atteindre une masse critique de lecteurs, peut aussi être une voie d’accès vers l’édition classique. Une espèce de tunnel souterrain partant d’une petite chaumière et susceptible de déboucher dans la cour d’une forteresse…

3- Parlez-nous un peu de votre expérience ? Quel effet cela fait de tenir entre ses mains son « bébé » (fût-il d’encre et de papier) ? 


• Bien sûr, tenir entre ses mains le premier exemplaire de son livre est source d’un émerveillement qui vous conduit à afficher un petit sourire idiot – même si le livre en question est doté d’une hideuse couverture verte avec votre nom d’auteur en jaune « queue de vache » dessus (j’ai depuis remédié à cet attentat chromatique en m’adjoignant les services de maître Sam Colasse, illustrateur attitré de chaque tome de la Tentation). Mais le vrai shoot de bonheur pur, je l’ai connu avec les premiers retours de lecteurs anonymes ; réaliser que ses personnages ont réussi à sortir de votre tête pour vivre la vie que vous leur avez concoctée dans une autre : ça reste pour moi la plus grande source d’émerveillement.

4- A votre avis, quels sont les avantages et les limites de l’auto-publication ? 


• Avec l’auto-publication, vous pouvez aller vite, et mettre en quelques heures le fruit de vos nuits blanches à disposition des lecteurs potentiels ; avec le risque d’aller trop vite et de publier un livre inachevé, pas suffisamment relu, avec des fautes, des incohérences.
Avec l’auto-publication, vous pouvez sortir un livre qui n’entre dans aucune case, qui n’a pas sa place dans une collection ; avec le risque de ne pas être facilement identifiable par le public qui pourra passer complètement à côté.
Avec l’auto-publication, vous maîtrisez votre histoire, vos personnages, votre style, dans une liberté totale de créer ce que vous voulez ; avec le risque de faire n’importe quoi.
Avec l’auto-publication, vous maîtrisez également votre communication, les outils à exploiter pour vous faire connaître ; avec le risque de ne jamais trouver le juste équilibre entre invisibilité totale et détestation pour cause de spam.
Avec l’auto-publication, vous pouvez posséder et mettre en vente des exemplaires papier de vos livres sans vous ruiner, grâce à l’impression à la demande ; mais vous aurez beaucoup de mal à les voir dans la devanture d’une librairie ou exposés dans un salon.
Avec l’auto-publication, vous pouvez garder pour vous jusqu’à 70% du prix de votre livre numérique, et jusqu’à 30% (voire plus) du prix de la version papier, contre respectivement 30% et 8-10% dans l’édition classique ; mais à priori, vous en vendrez beaucoup moins.
Avec l’auto-publication, vous n’avez aucun intermédiaire entre vous et vos lecteurs ; mais vous êtes aussi le seul à prendre les coups s’il doit y en avoir.
Finalement, l’auto-publication est particulièrement adaptée à la diffusion d’œuvres au public-cible confidentiel, dont la taille ne permettrait pas d’envisager la rentabilité économique pour un éditeur professionnel.

5- Si l’encre et le papier donnent une consistance différente à son roman, toute l’étape de gestation du projet, entre le moment où germe l’idée et celui où le roman sort de l’imprimerie, n’est pas sans embuches. Quelles ont été vos principales difficultés ? La page blanche, la jungle de l’édition, ou les travers de l’auto-édition ? 


• Une fois le processus d’écriture enclenché, une fois trouvée la trame, la ligne directrice et le ton de ma série, je n’ai jamais connu les affres de la page blanche, sans doute parce que je raconte une même histoire depuis huit ans, et que ses grandes lignes sont parfaitement définies depuis le début. Ma principale difficulté a consisté à trouver le bon rythme de travail, entre mes obligations professionnelles et familiales, tout en alternant les phases d’écriture et de promotion. La principale difficulté, en fait, ça a été de trouver du temps.

6- Ce journal est dédié aux membres d’une communauté d’auteurs web. Quel conseil donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent tenter l’excitante aventure de l’auto-édition ? Quels sont les pièges à éviter ? 


• Les sites web qui donnent des conseils techniques pour se lancer dans l’autoédition sont légion. Mais je pense qu’au-delà de la meilleure façon de formater ses livres, de trouver ses prestataires, de fixer son prix, d’assurer sa promotion, il faut apprendre à accepter le résultat de tous ces efforts, quel qu’il soit. A trouver en soi les raisons pour ne pas se sentir frustré, découragé, abattu, par un manque de réussite à l’aune de la façon dont elle est habituellement mesurée. Le piège, c’est aussi de terminer un livre, de le lancer dans l’arène de l’autoédition et de ne prendre aucun plaisir à ce qui suit : markéter, communiquer, vendre. Posez-vous la question de vos attentes réelles et de l’investissement personnel que vous êtes capable d’assumer tout en conservant le plus important : l’envie d’écrire, indépendamment du désir d’être lu.


7- Dans la machinerie d’édition classique, la publicité d’un roman se fait par le biais d’un réseau très sélect de gens voués à la vente de livres. Qu’en est-il dans le cas d’un auteur auto-publié ? Comment faites-vous votre promotion ? 


• Je trouve très juste ce témoignage de J. Heska, auteur autopublié en quête de succès : http://www.jheska.fr/la-recherche-du-succes-ou-le-spleen-de-lauteur/ Il parle de la difficulté principale de l’auteur qui choisit de tout gérer lui-même : comment ne pas passer pour un parfait égotique quand on est à la fois celui qui a écrit (et qui se doit d’être modeste par rapport à son œuvre) et celui qui doit vendre (dont l’efficacité repose sur la glorification du produit) ? Bien sûr, la démarche implique de mettre en place et d’utiliser toute une panoplie d’outils pour se faire connaître : blog, forums, twitter, Facebook… Mais le « bon usage », celui qui ne fait pas de nous quelqu’un d’à la fois auto-suffisant et désespéré, est difficile à trouver. Ça a failli mal se passer pour moi sur le forum Geekzone, par exemple : http://www.geekzone.fr/ipb/topic/44874-livre-la-tentation-de-la-pseudo-reci… (Mais ça valait le coup de se rattraper !)
Le remède, finalement, ne dépend pas de soi : mais des lecteurs qu’on aura réussi à convaincre. Ce sont eux les « moteurs de recommandation » les plus efficaces, capables de faire en sorte que la machine s’emballe.

8- Des infos croustillantes sur votre actualité ? Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? 


• Sur le dernier tome de ma saga ! Je prévois de le sortir en décembre. Et ce sera la fin d’une aventure commencée sur un cahier de texte il y a près de vingt ans…

9- Parmi tous les retours de fans et/ou toutes les rencontres que vous avez pu faire avec votre lectorat depuis le début de votre aventure scripturale, laquelle vous a le plus marquée ?


• Aaaarg, difficile de choisir ! En raison de mon mode de diffusion particulier (j’échange mon premier tome gratuitement contre une adresse mail) je suis en contact avec beaucoup de mes lecteurs. Qui n’hésitent pas à me dire ce qu’ils ont pensé de mes livres, en bien ou en mal. Les forums sur lesquels je suis présente (Geekzone, prepa-forum, e-lire, Jeunes Ecrivains…) sont également à l’origine de pas mal de chouettes rencontres. Il y en a deux qui ont eu un impact particulier : celle du directeur de la publication de Tangente qui s’est battu pour obtenir d’insérer sa critique de ma saga dans le magazine ; et celle d’un prof de maths de prépa, avec lequel j’ai eu de longues e-conversations sur la psychologie de mes personnages et qui, ayant bêta-relu le tome 7 de la Tentation, a réussi le tour de force de… m’en faire modifier la fin.

10- Parlons maintenant de vos livres et plus particulièrement le premier tome des aventures de Peter Agor, héros de « La tentation de la pseudo réciproque », que vous décrivez comme : « une série de 7+1+1 romans comiques, scientifiques, policiers, initiatiques, d'espionnage, politiques, d'amour, d'horreur ». Dites-nous en un peu plus ? D’où vous est venu cet univers multigenre ? 


• Au tout début de l’histoire, Peter Agor est un étudiant en classe préparatoire scientifique, maladroit et peu sûr de lui, confronté à une affaire loufoque de profs qui ne sont pas tout à fait ce qu’ils paraissent être. Par la suite, chaque tome se déroule au cours d’une nouvelle année dans la vie du héros, qui évolue, grandit, et se retrouve à faire face à des énigmes aux enjeux de plus en plus importants. Le lecteur peut s’arrêter à la fin du tome 7 : il aura une histoire complète avec la réponse à la plupart de ses questions. Le premier tome « +1 » est en réalité un tome à part qui permet de revivre quelques épisodes des sept premiers à travers le regard « du tueur ». Il apporte également un éclairage particulier sur quelques points restés obscurs dans la série initiale. Le deuxième tome « +1 », soit le 8, actuellement en cours d’écriture, fait directement suite au tome 7. Il conclut de façon définitive la Tentation de la pseudo-réciproque.
Le côté multi-genres de cette saga vient de mon envie de traiter au sein d’un même univers et avec les mêmes personnages des thèmes différents : on y trouve ainsi, au fil des tomes, des codes secrets, des complots, une chasse au trésor, un « whodunit », des organisations secrètes, des concepts scientifiques, des réflexions sur des sujets d’économie et de politique et une histoire d’amour qui sert de fil rouge. J’ai incorporé dans mes livres les ingrédients que j’aime en tant que lectrice. Ça n’aide pas à entrer dans une case, mais c’est pas mal pour s’en créer une à soi !
Ma façon d’écrire a aussi évolué de livre en livre, de façon inconsciente, bien sûr, puisqu’on apprend avec l’expérience, mais aussi dans le but de suivre la maturation de mes personnages. Le côté très léger du premier tome avec ses blagues potaches laisse peu à peu place à quelque chose de plus grave, de plus posé. Une façon de mêler le fond et la forme. Voilà pour son côté expérimental !

11- Enfin, une petite dernière. Question bonus, subsidiaire, ou pour la route, qu’importe le nom qu’on lui donne c’est notre cerise sur le gâteau : mon petit doigt m’a dit que le nom de vos personnages était le fruit de savants jeux de mots. Une savoureuse trouvaille, mais d’où vient l’idée ? 

 
• Je l’ai piquée au traducteur français de Douglas Adams (H2G2 : le routard galactique) : Jean Bonnefoy. Je suis aussi une grande admiratrice de l’oulipisme et de l’écriture à contrainte. J’aime ce côté ludique qui se prend très au sérieux dès qu’il est question de rigueur. Il y a en outre une vraie logique dans les noms attribués à mes personnages, qui permet dans certains cas d’anticiper ce qui va se passer dans la suite… Je laisse à chaque lecteur le soin de se pencher sur cette énigme !

Et voilà Plumettes et Plumeaux, c’est déjà fini. Nous remercions chaleureusement Kylie Ravera pour sa participation, sa sympathie et sa réactivité. Si cette interview vous a mis l’eau à la bouche et que vous voulez en savoir plus sur sa plume, je vous invite à consulter son site internet à cette adresse : http://kylieravera.fr/
Remercions également Flammy pour m’avoir mise sur la voie de cet article.


A bientôt pour un nouveau Paroles de Pros.
C’était Shao déjà en quête d’interviews inédites



Extrait du tome I de la Tentation de la pseudo-réciproque de Kylie Ravera :

Il y avait dans le hall d’entrée du lycée Pépin-le-Bref, comme dans la plupart des lycées, un panneau d’affichage réservé aux petites annonces. Mme Lagarde, la concierge, était normalement en charge de les filtrer, mais comme sa petite taille ne lui permettait pas d’atteindre les deux tiers supérieurs du panneau, tout le monde pouvait venir y punaiser à peu près n’importe quoi.
Il y en avait une en particulier dont je n’avais pas réussi à savoir si elle était sérieuse ou pas :
« Agence E. Marolex, détection, enquête, investigation, résolution de problèmes à complexité finie, démonstrations par l’absurde. Deux jours de prestation offerts sur présentation de ce coupon ».
Je m’étais demandé un moment s’il ne s’agissait pas d’une nouvelle communication marketing d’une boîte à concours proposant de résoudre pour eux les exercices de maths des élèves. Mais outre le fait que ça ne collait pas vraiment avec la partie « détection, enquête et investigation », il n’y avait pas non plus de créneau pour ce type d’entreprise : lorsque l’on fait partie de la masse ignorante des élèves, on doit apprendre à résoudre soi-même ses exercices, car tous les E. Marolex du monde ne pourraient empêcher un sévère plantage le jour des concours où l’on se retrouve invariablement tout seul devant la feuille blanche. Je commençais à en savoir quelque chose…
Une fois cette hypothèse écartée, il ne restait plus que la piste du détective privé. Je trouvais curieux qu’un détective dépose une petite annonce dans un lycée, lieu en général peu réputé pour ses problèmes d’adultère et de meurtre. Mais je ne prétends pas connaître toutes les études de marché réalisées sur le sujet.
Comme pour conforter la stratégie marketing de l’agence Marolex, après avoir retourné mon problème dans tous les sens pendant une nuit, je décidai de profiter du coupon de réduction qui donnait droit à deux jours d’investigation gratuits et résolus de la contacter.